Les invités appelés à mener les débats et témoignages. Hubert Ripoll au centre. Le samedi 18 novembre 2017 à Aix-en-Provence – Un article du Dauphiné Libéré : « 55 ans après, quel héritage pour la communauté des pieds-noirs ? »

Lorsque Luc m’a écrit, « bientôt, je te parlerai d’Hubert Ripoll », je suis allé voir sur Internet qui était cet homme et j’ai rencontré un drôle de psychologue, spécialisé dans le mental des champions.

Je me suis vraiment demandé quel pouvait être le rapport entre ce psychologue et moi qui ne suis pas champion même si je me débrouillais pas mal au 1000m quand j’étais jeune.

Et j’ai découvert un livre formidable.

Les livres formidables ne le sont que parce que leurs auteurs le sont ; un livre est avant tout un regard porté sur le monde.

Hubert Ripoll n’esquive rien de tout ce qui fait le monde pieds-noirs. Il le fait avec une telle douceur qu’on a envie de l’embrasser. De lui dire merci, merci, merci Hubert de ne pas partir en guerre, on en a assez des guerres.

Et puisqu’il n’esquive rien, j’ai fini par me retrouver au milieu de toutes les possibilités offertes par la nature.

Jame contacte Hubert Ripoll

Jame vit à Buenos Aires et a pris contact avec Hubert Ripoll par l’intermédiaire de sa webcam.

Il est le plus jeune des témoins interviewés. Il a 26 ans. Ce qu’il dit dans le passage que je vais retranscrire est presque anecdotique mais ces quelques paroles ont réussi l’exploit de me tendre un miroir non déformant.

Donc merci à toi, Jame de Buenos Aires. Moi aussi j’aurais aimé vivre à Buenos Aires. Quoique, à bien y réfléchir, j’ai quand même un penchant pour l’île d’Alboran, le pays des rapatriés de nulle part.

« Il y a trois ans, je me suis rendu compte que rien dans mon patronyme ne rappelait mes origines espagnoles, ou pieds-noirs, et j’ai éprouvé le besoin de rajouter celui de ma branche maternelle. J’ai eu envie de garder une trace de cette culture et d’avoir un nom qui ne soit pas complètement français.

J’aime ce nom qui montre que je ne suis pas complètement français et qui montre que je viens d’ailleurs, parce que pour moi, ce sont les racines que je veux garder, celles dont je suis fier. Ça parait un peu soudain comme décision mais elle a été murie pendant plusieurs années. C’est l’aboutissement d’un cheminement mental…

Je n’ai pas pu abandonner mon nom français, car, en France, c’est très compliqué de changer son état civil. Je me suis plongé dans le droit pour savoir comment je pouvais faire avec ces deux noms. Mon nom est maintenant composé : F.-G., du patronyme de mon père et de ma mère.

C’était quelque chose que je voulais faire à tout prix. Je savais que mes grands-parents en seraient très heureux. Ma grand-mère en a été fière. Elle a trouvé cela génial. Mon grand-père ne me l’a pas dit car il exprime peu ses sentiments mais je sais par ma grand-mère qu’il en était très heureux. Si je devais choisir entre mes deux noms, je choisirais sans aucun doute le patronyme maternel. Oui, Jame G.«

Paul Souleyre, mon frère

Merci Hubert Ripoll, merci Jame de Buenos Aires, je comprends mieux pourquoi j’ai eu besoin, moi aussi, de prendre un autre nom.

Mais ce n’est pas un autre nom, quand on y regarde bien, c’est un second nom.

Un « nom frère ».

J’espère que je n’aurai jamais à choisir entre mon nom d’état civil et mon nom de plume.

Mon nom d’état civil est pour mes filles. Mon nom de plume pour mes ancêtres. Ce sont mes feuilles et mes racines.

Les deux me sont nécessaires pour survivre.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?).

*

PS1 : Merci Hubert pour votre commentaire chaleureux. J’ai hésité à commenter votre commentaire, et puis je me suis malgré tout décidé. Je devais aussi raconter mon petit monde pieds-noirs.

PS2 : Un mois après la publication de l’article, Jame est intervenu pour faire un commentaire qui se trouve ci-dessous. Mais je l’ai trouvé tellement brillant que j’ai décidé de le publier le jour même en « Une » de ce blog.

PS3 : Le Groupe Témoignage « Une histoire de paroles » mis en place par le CDHA (à la suite de la parution du livre) et auquel je participe depuis mars 2013 est justement piloté par Hubert Ripoll.

PS4 : Côté transmission, je vous conseille de visionner deux documents vidéos intéressants qui pourront compléter le travail de Hubert ripoll : le premier est le film Méditerranées de Olivier Py, et le second, le retour de Evelyne Jousset Garcia à Oran.



 

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