Marabout de Sidi el-Bachir – Oran (source image : phileas-fog.net)

Le mausolée de Sidi el-Bachir se trouve dans le quartier Saint-Michel.

Complètement coincé entre les bâtisses alentours.

C’est incroyable de voir à quel point certaines constructions ont la vie dure et persistent dans le temps.

Il y a quelques mois, je trouvais ça étonnant, aujourd’hui je suis habitué.

Et séduit.

La mosquée du Bey par exemple, prise entre mille feux de béton, me plait beaucoup.

Elle est étrange, bizarrement repeinte, mais toujours séduisante. On met du temps à comprendre de quoi il retourne avec ce genre d’urbanité. On n’a pas ces habitudes-là, par ici.

On n’a pas de Mausolée St-Remy en train de dormir sur les trottoirs.

C’est presque inconcevable.

Ce qu’on pourrait avoir, éventuellement, ressemblerait plutôt au Mausolée de Sidi Snoussi du côté de Choupot ; un endroit propre, légèrement surélevé, bien mis en valeur, avec en prime un petit panneau : interdit de toucher.

Une momie, en quelque sorte.

Le marabout Sidi Snoussi à Oran, du côté de Choupot

Le mausolée de Sidi el-Bachir n’est pas mieux loti que celui de St-Remy. Quand on regarde à quoi il ressemblait il y a longtemps, et à quoi il ressemble aujourd’hui, on se dit qu’il s’est passé du temps.

Quelques informations sur le mausolée Sidi el-Bachir :  

Le cimetière Sidi el Bachir (1792-1868) où fut élevé en 1792, le mausolée de Sidi el Bachir Ben Yahia, un saint de la région de Mascara fort honoré par le bey Mohamed el Kébir.
En 1856, le génie militaire, pour construire le nouveau mur d’enceinte de la ville, demande à la commune de procéder à la translation du cimetière de Sidi El Bachir qui avait alors une superficie de 10 hectares. Compte tenu de la différenciation ethnique précoloniale et des particularismes religieux, deux autres cimetières étaient attenants à celui de Sidi el-Bachir ; l’un réservé à la population noire et l’autre appartenant à la communauté ibadite.
En 1868 fut décidé le remplacement du cimetière de Sidi El Bachir par celui de Moul Douma. Les nombreuses goubbas qui étaient élevées dans l’ancien cimetière de Sidi El Bachir ont été reconstruites au cimetière Moul Douma, sauf celle de Sidi El Bachir Ben Yahia qui demeure jusqu’à nos jours à son emplacement initial au quartier Sidi El Bachir (ex. Plateau Saint Michel).

Oran – Marabout de Sidi el-Bachir (carte postale Delcampe)
Oran – Le marabout de Sidi el-Bachir (source photo : vitaminedz.com)

Mais quand on regarde à quoi je ressemblais il y a longtemps, et à quoi je ressemble aujourd’hui, on se dit qu’il s’est aussi passé du temps.

Ça prouve que je suis vivant et ce n’est déjà pas si mal.

Les petits mausolées de St-Remy et de Sidi el-Bachir sont donc bien vivants.  Il suffit de les regarder.

Mais en cherchant quelques traces de ce Sidi mystérieux (je n’ai trouvé aucun renseignement biographique), je suis tombé sur les faubourgs d’Oran, déjà beaucoup moins charmants que les petits mausolées.

Sidi el-Bachir : un des 5 « douars périphériques »

Ça se trouve 5 km à l’Est d’Oran et ça s’appelle une « gangrène urbaine ». Ce n’est pas moi qui dénomme la bourgade de Sidi el-Bachir ainsi, c’est un article particulièrement dur de Djarairess.

Il y a dans ce document un peu long mais très riche de quoi réfléchir à l’urbanisation d’Oran. Je n’en mettrai qu’un petit extrait qui pourrait peut-être donner envie d’en savoir davantage.

« Avec son centre colonial et les cinq grands « douars périphériques » qui l’encerclent (Chteïbo, Belgaïd, Sidi El Bachir, El Hassi et Aïn Beïda), Oran présente une forme étoilée qui confère une grande lisibilité à sa structure urbaine actuelle. À Oran se maintient toujours l’ancien clivage séparant la ville « formelle », longtemps réservée à la population française et européenne, des quartiers d’habitat « informels » et/ou précaires, situés en périphérie .

Les Oranais, sans distinction d’âge ni de sexe, continuent à user de l’expression « aller en ville » pour signifier leur déplacement des uns vers l’autre, c’est-à-dire vers le centre, comme du temps de la présence française. »

Ce n’est pas la première fois que je croise ce terme de « informel ».

J’étais pris par le terme information et je ne comprenais pas vraiment la signification de ce informel, même si j’avais bien saisi qu’on n’était pas dans le monde des Bisounours, et qu’il se passait dans les marchés ou les quartiers informels des petites choses peu recommandables sur le plan légal.

Informel signifie donc plutôt « sans forme ». Anarchique. Qui prolifère au gré des circonstances, sans ordre particulier. Sans règles, surtout.

Marabout de Sidi el-Bachir à Oran

C’est étonnant un terme aussi intellectuel pour quelque chose qui l’est si peu.

Mais peut-être pas, en fin de compte. Un mot opaque pour une activité opaque.

A côté, le mausolée de Sidi el-Bachir parait vraiment lumineux.

Les deux faces d’une même pièce. 

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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