Ma mère et ma grand-mère dans un café à Villefranche-de-Lauragais dans les années 90

En avril 1982, ma mère fait retour à Oran pour quelques jours.

Le 1er mai, elle écrit une longue lettre à ses parents et à son frère pour leur raconter son voyage. Son style est direct, comme toujours. Je changerai les noms pour ne gêner personne.

Et je la publierai en plusieurs morceaux.

*

Chers Papa et maman, Cher Jacques,

Tout d’abord, je vous prie de m’excuser pour cette lettre tapée à la machine, mais c’est que maintenant, j’ai tellement pris l’habitude de faire comme ça pour les textes un peu longs, que je suis découragée à d’avance à l’idée d’écrire à la main. Et j’écris de plus en plus mal. Mais naturellement, ce sera plein de fautes de frappe.

Je voudrais donc essayer de vous faire partager ce qu’a été ce voyage pour nous – nous, c’est-à-dire moi-même, Claude et tous les autres gens du groupe. En fait, tout le monde a vécu tant d’émotions de toutes sortes qu’il est difficile de se lancer dans une synthèse de type cartésien.

Je préfère donc raconter les choses jour après jour, ce sera plus simple, et plus vrai. De toutes façons, les synthèses, c’est maintenant qu’elles vont commencer à se faire, et très lentement, car il faudra du temps pour digérer tout ce qui a été vécu en un laps de temps si court.

La majorité des gens du groupe étaient des gens qui, comme moi, revenaient en Algérie pour la première fois depuis vingt ans. Cependant, il y avait des gens de tous âges, en partant de celui qui avait quitté Bel-Abbès à l’âge de trois ans, jusqu’à des personnes de soixante-dix ans et plus.

Il y avait aussi, bien sûr, des couples pied-noir dont les enfants, nés en France, disaient : « On va enfin voir cette Algérie dont on nous rebat les oreilles depuis si longtemps. » Et il y avait aussi plusieurs couples, comme Claude et moi, dont l’un ou l’autre était « Français », n’ayant jamais mis les pieds en terre… arabe, et qui disait un peu comme les enfants ci-dessus.

A l’aéroport, un dénommé Pepico, qui aurait très bien pu sortir d’une chronique de Gilbert Espinal, mettait une ambiance terrible à sa manière, en sortant des astuces vaseuses mais qui nous rappelaient déjà le pays.  Toutefois, il avait beau faire le malin, on ne pouvait pas ne pas voir qu’il était fortement ému.

Par la suite, mais beaucoup plus tard, à la fin du voyage seulement, j’ai appris qu’il était de Détrie. Je suis allé le voir pour lui demander s’il avait connu les Danos, il m’a dit qu’il les avait bien connus, et il a pris l’adresse de M. Danos pour aller le voir.

Bon, là-dessus, on a pris l’avion, avec une demi-heure de retard (je ne sais pas pourquoi). On a survolé les Pyrénées, qu’on voyait très bien, puis l’Espagne, et on a particulièrement bien vu Alicante.

Puis on est arrivés  à Oran.

La suite, mardi prochain.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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