Dans les escaliers de la rue de Saïda (qui descend vers la place Kleber à partir de la rue des Jardins) – Photographie Tewfik Bensouici

J’en ai déjà fait part sur ce blog, le regard féminin sur l’Algérie me manque.

Il y a le regard de ma mère qui n’a pas été très bienveillant, le regard de certaines femmes entraperçues par-ci par-là, le regard d’écrivaines que je dois chroniquer, et aussi le regard que j’ai mis en haut à gauche, sur les marches de la Calère, la plus belle photo de Tewfik.

Et puis il y a un échange assez court dans un livre que j’ai trouvé chez un bouquiniste il y a quelques mois déjà. J’ai bien du mettre une heure à le retrouver hier, allongé sur mon lit. J’avais déjà cherché il y a une semaine, sans succès. Mais je n’y avais passé qu’une demi-heure.

Là, j’étais motivé et j’ai fini par y arriver.

Le livre s’appelle « le malentendu algérien » et confronte les opinions divergentes de Pierre Sergent, chef de l’OAS métropolitaine, et André-Louis Dubois, dernier résident général puis premier ambassadeur de France au Maroc au moment de l’Indépendance.

Alors évidemment, il y est question de tout ce dont il ne sera jamais question sur ce blog parce que je cherche autre chose, mais au milieu de la guerre, on trouve de temps en temps quelques petits échanges étonnants (pour moi, bien sûr) comme ceux-ci, p62 :

A-L.D. : Simplement pour rappeler une anecdote célèbre. Dans la montagne qui domine Grenade, il y a un endroit appelé « le soupir du Maure », savez-vous pourquoi ? Parce qu’en 1492, le roi maure Boabdil, en abandonnant Grenade à Gonzalve de Cordoue, se retourna une dernière fois pour regarder la ville et ne put s’empêcher d’éclater en sanglots. Voyant cela, sa mère lui lança ce mot sévère mais admirable : « Tu pleures comme une femme devant cette ville que tu n’as pas su défendre comme un homme ! » Sa mère, une femme…

P.S. : Cela n’étonnera que ceux qui ignorent le rôle considérable joué par la femme au sein de la famille arabe.

A-L.D. : Sur ce point, comme sur tant d’autres, il y aurait toute une éducation à refaire chez les Français de France. La femme musulmane qui sort peu, parce qu’elle reste accrochée à son transistor à écouter Radio-Le Caire et par son autorité matriarcale, va être le moteur des insurrections nord-africaines.

P.S. : J’en conviens.

Et bien je fais partie de ceux qui ignoraient le rôle considérable joué par la femme comme moteur des insurrections nord-africaines.

Je ne doute pas un seul instant de la puissance de la femme au sein de la famille – ni même ailleurs – et si quelqu’un connait des textes qui mettent en évidence ce rôle, je suis preneur.

Ce sont des regards que j’ignore totalement. Pierre Sergent et André-Louis Dubois en parlent comme d’une évidence et passent à autre chose. Je ne peux que le regretter.

Je vais devoir me débrouiller tout seul.

Sur ce point, comme sur tant d’autres, toute mon éducation est à refaire.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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