Juan de Borgona, Fresque du débarquement des troupes espagnoles à Mers-el-Kébir, 1514, Tolède. (Cahier de la Méditerranée modifiée)

C’est Toufik qui m’a lancé une invitation sur Facebook pour l’exposition organisée par l’institut Cervantès.

« Dimanche 07 octobre à 17h : Inauguration de l’exposition « Cartographie d’Oran dans les archives espagnoles. »

L’exposition accueille des reproductions de haute qualité de cartes et de plans d’Oran, les originaux sont stockés dans différentes archives espagnoles.

A travers les différentes cartes présentées, les visiteurs peuvent se rapprocher de l’évolution historique de la ville d’Oran. L’exposition s’étendra jusqu’au 06 novembre, et c’est au Musée Zabana que ça aura lieu. »

J’ai pris l’information ci-dessus sur Vinyculture, un webzine culturel. Mais il semble d’après Toufik que l’exposition ait lieu à l’Hôtel Meridien. Donc renseignez-vous. 😉

C’est dans le cadre d’une semaine sur l’amitié algéro-espagnole qui s’est tenue du 5 au 9 octobre.

Ça me rappelle un article que j’avais fait sur les Espagnols à Oran et qui reste aujourd’hui mon plus grand succès en terme de « j’aime » facebookiens : 14

Ce n’est pas grand chose mais on fait ce qu’on peut. (« Jeanne au bain » vient de dépasser les Espagnols (18 j’aime) mais Jeanne était espagnole…)

Je me suis aperçu de ce succès relatif des semaines plus tard en retournant par hasard sur mon article. J’ai cru halluciner :

14 « j’aime » !!!

Je le dis très franchement : ma première réaction a été de fouiller partout dans mon blog pour m’assurer qu’il n’y avait pas eu de bug.

Non. Pas de bug.

Là, où tout le monde se fichait royalement de mes articles (sans me le dire parce que dans l’ensemble, tout le monde est plutôt discret) il y en avait un qui ressortait du lot  et que tout le monde avait aimé : « Les Français peuvent être jaloux des Espagnols. »

Ça m’a fait froid dans le dos.

Je me suis dit : Mince ! Qu’est-ce que je fiche dans cette galère, moi le Français, en train d’écrire que les Espagnols sont les chouchous des Algériens, et hop ! Applaudissements de mes 14 lecteurs ! Parce que le 8 juin, tenez-vous bien, j’ai très exactement 14 lecteurs qui viennent me voir.

(Mais je pense qu’il y en a quelques-uns qui sont venus cliquer sur « j’aime » les semaines suivantes 😉 )

Il ne me restait donc plus qu’à écrire pour mon plaisir… Heureusement que j’aime ça, que je n’attends pas d’encouragements, et que je suis têtu comme une mule.

Les Espagnols ont la côte, c’est comme ça.

Et pourtant, ils en ont fait des horreurs.

*

« Vers la fin du XVème siècle et à l’aube du XVIème siècle, ils s’intéressent à la ville. Ils lancent plusieurs tentatives d’assaut, et parviennent au cours de l’an 1505 à occuper Mers el Kébir. Ils ne réussiront à envahir Oran qu’en 1509.

Témoignage d’Alvaro Gomez.

“Il est 6 heures : la nuit tombe rapidement et dans la ville désolée, les Espagnols envahissent, massacrent et pillent.

Ils ont trouvés dans les maisons tout préparé le repas du soir destiné aux combattants qui ne sont pas revenus ; gorgés de vin, ivres de sang, ils arrachent aux femmes et aux enfants leurs bijoux, brisent les meubles, s’emparent des robes, des tapis, des matières d’or et d’argent, n’oublient rien et ne font grâce à personne…

Plus de 4000 milles êtres humains sont sacrifiés. Dans les rues qui sont pourtant larges, on ne peut pas marcher, tant est grand l’amoncellement des cadavres…”

*

Je ne suis pas sûr du tout qu’ils soient beaucoup plus gentils que les Français dans des conditions identiques.

Mais voilà, ils sont aimés, et du coup l’Institut Cervantès leur fait la fête en organisant une exposition de cartes reproduites d’après les originaux restés dans les archives espagnoles.

Il me vient à l’esprit une carte espagnole que j’ai toujours trouvée très belle.

Oran au XVIe siècle

On se repère un peu, mais pas si facilement que ça. Tout est déformé.

Et les légendes renforcent encore la confusion générale.

Du coup, très vite, je décroche et je commence à regarder les petits détails pour le plaisir. Parfois, je reviens à la légende pour obtenir quelques précisions sur une incongruité de la gravure… et je ne suis pas déçu du voyage, la légende finit de me perdre.

Sans compter que la plupart du temps, je ne trouve même pas les numéros correspondants.

Alors quand j’en ai suffisamment bavé devant une carte espagnole, je m’en vais à Tolède.

Tolède le grand repos.

Je suis passé deux ou trois fois à Tolède sans savoir à côté de quoi je passais. Et quand bien même je l’aurais su, cette fresque ne m’aurait rien dit parce que je n’avais pas encore attrapé le virus de l’Oranmania, comme dit mon père.

Je ne connaissais pas encore les gentils Espagnols.

« Peintes entre janvier et juin 1514, les fresques de la Bataille d’Oran rappellent, par leur composition, les bas-reliefs de la Conquête de Grenade sculptés sur les stalles basses du chœur par Rodrigo Alemán en 1495. Il s’agit de peintures indépendantes relatant trois épisodes de la campagne d’Oran, celles de droite et de gauche étant plus petites que celle du centre.

Sous la scène centrale figure, de nos jours, une inscription en espagnol. Elle fait référence à la conquête d’Oran par Cisneros (1509), à sa perte en 1708 et à sa reconquête par les troupes de Philippe V (1732) tandis que l’inscription latine, qui n’est plus visible aujourd’hui, faisait allusion aux miracles qui se produisirent pendant cette conquête, dont les récits ont été partiellement publiés par Diego Angulo Iñiguez. » (c’est sur cette page extrêmement riche en informations de toute sorte)

J’aurais aimé être à Oran pour voir les reproductions de cartes espagnoles à l’Hôtel Méridien. Ce ne sera pas le cas.

J’irai peut-être faire un saut à Tolède un jour ou l’autre avant de filer sur Alicante.

C’est une étape obligée.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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