Plage de Sassel. La pêche aux oursins – Voir le site de l’amicale de Rio Salado

Il semblerait que la pêche aux oursins ait été une activité particulièrement prisée des Français d’Algérie.

Peut-être est-ce encore le cas aujourd’hui. Il n’y a pas de raison que ce genre d’activité cesse brutalement. Elle a l’air d’avoir beaucoup marqué les esprits. Mon père en parle dans son livre. Si je vais faire un tour sur Internet, j’ai rapidement des renseignements. Même ma mère trouve le moyen d’en parler.

« Quelquefois, le dimanche matin, ou le jeudi matin, je ne sais plus, mon père nous emmenait à la crique.

Je ne sais plus du tout comment on y arrivait. C’était une crique très petite, d’une pureté (eau et rochers) miraculeuse. On voyait le fond de la mer comme si on y était. Mon père et mon frère se baignaient et ramassaient des oursins dont on mangeait une bonne partie tout de suite. Ils étaient délicatement parfumés.

C’était une sorte de paradis terrestre, cette crique, une splendeur de la nature. Mon père ne pensait qu’aux oursins, mon frère ne quittait pas notre père, faisait tout comme lui, moi je me remplissais les yeux des merveilles environnantes mais je crois que je ne me baignais pas, j’avais peur des oursins.

C’est drôle, ma mère n’est jamais venue à la crique, je ne sais pas pourquoi. Il faut dire que le matin, elle s’affairait à préparer le déjeuner. Car les oursins, c’est minuscule à l’intérieur des piquants finalement. Ça ne nourrit personne. C’était juste pour le plaisir qu’on les mangeait. »

Ma mère ne peut pas s’empêcher de relever les positions sociales des uns et des autres lorsqu’elle raconte l’Algérie de son enfance.

On sent qu’il y avait un paradis terrestre, on sent aussi que tout le monde n’y avait pas forcément droit, que certaines devaient rôtir en enfer toute la matinée pour préparer le repas.

Dans le reportage de mardi soir dont j’ai déjà parlé, il y a un court passage très instructif. On voit que toutes les femmes de la famille vivaient dans une espèce de grande maison (qui était peut-être un immeuble de plusieurs appartements, il faudrait que je revois le reportage) et la joie rayonne sur les visages des mères qui portent des enfants dans les bras.

Les hommes sont au travail, les femmes à la maison. Mais ce n’est pas étonnant pour l’époque et après tout, si tout le monde y trouve son compte, pourquoi pas. Le problème surgit lorsqu’on demande à l’une des femmes pourquoi elle n’a pas habité avec les autres. La réponse est sans ambiguïté : « à cause des cancans. »

Et là, on comprend beaucoup de choses.

On comprend que la crique aux oursins n’est pas le paradis puisqu’il y manque souvent la femme (mais ne généralisons pas, la mère d’Olivier Py semble participer aux activités de la famille) et on comprend que le foyer familial où la femme règne ne permet pas d’intimité.

Comme toujours, il faudrait nuancer. Il n’empêche.

La pêche aux oursins révèle des failles.

Attention aux piquants.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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