Zones humides d’Oranie (capture d’écran Google Maps – Lac de Télamine et sebkha d’Oran)

J’ai peu parlé d’écologie, d’écosystème… et de zones humides.

C’est un tort. Je crois qu’il est important de connaître la manière dont une terre respire lorsqu’on a pris le parti d’y rechercher son ascendance.

On ne vit pas en apesanteur.

Or je constate que j’ai davantage observé la région à travers le prisme du regard humain qu’à travers celui  de ses composantes géographiques.

Et pourtant, j’ai tout ce qu’il faut comme connaissances pour aborder les caractéristiques écologiques de la région sans être noyé sous le vocabulaire scientifique ; ce n’est pas un problème de jargon.

C’est un problème d’envie.

Je suis aspiré par la ville et ses prolongements naturels comme la Corniche, les Andalouses ou les villages de l’intérieur. Il faut dire aussi que je lis très peu de témoignages liés à la Sebkha d’Oran.

A tel point que je n’arrive pas à me faire une idée de la place qu’elle tenait dans l’imaginaire de l’époque. Et ce n’est pas mieux actuellement ; pas un seul algérien d’Oran n’a évoqué cette longue étendue salée devant moi.

C’est une absence qui me laisse perplexe.

Heureusement, je sais par mon père que mon grand-père y chassait, et comme il n’y a aucune raison pour qu’il soit seul à s’y cacher des perdrix le dimanche matin, ils devaient être nombreux. Des villages comme Valmy ou La Sénia avaient probablement un lien particulier avec cette longue étendue silencieuse. Peut-être ne m’y suis-je pas suffisamment penché.

J’en ai un peu parlé il y a quelques mois. J’y reviens aujourd’hui par le biais des zones humides classées Ramsar.

La sebkha d’Oran – Photographie Wikipédia

Mardi soir, je discutais de la sebkha avec une bordelaise d’origine algérienne – et plus précisément d’Oran – lorsqu’elle m’envoya faire un tour sur le site écologique Nouara d’un certain Karim Tedjani.

J’ai eu l’impression de retourner à l’Université : beaucoup d’eau, de fleurs, de roches.

J’ai senti monter en moi un vague sentiment de culpabilité et je me suis promis d’écrire un article écologique le plus vite possible. Le voici donc, après une longue introduction que j’estimais indispensable. Les idées n’ont de sens qu’à l’intérieur d’un contexte.

Les zones humides classées Ramsar

Que signifie Ramsar ?

« La Convention sur les zones humides est un traité intergouvernemental qui sert de cadre à l’action nationale et à la coopération internationale en matière de conservation et d’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources.

Adoptée en 1971 à Ramsar, en Iran, elle est entrée en vigueur en 1975. C’est le seul traité mondial de l’environnement qui porte sur un écosystème particulier. La Convention a des pays membres sur tous les continents. » (source site Ramsar)

Ramsar essaie donc de répertorier les zones humides, de les classer et de les protéger, dans la mesure de ses possibilités.

Quelles sont les zones classées Ramsar en Oranie ?

« Oran compte huit zones humides dont quatre classées Ramsar. La wilaya d’Oran célèbre aujourd’hui, (2 février), la journée mondiale des zones humides.

Oran compte huit zones humides dont quatre classées Ramsar (Sebkha, la Mactaa, Lac Telamine et les Salines d’Arzew) et quatre autres (Dhayat Oum Ghellaz, Dhayat Bagra, Dhayat Morsli et Dhayet Sidi Chahmi) qui font l’objet d’un intérêt en vue de leur classement Ramsar. » (cette fois-ci, il s’agit du Forums des Forestiers Algériens où l’on découvre que les zones humides de la Wilaya d’Oran ne se portent pas très bien.)

Appartenir à la zone Ramsar n’a pas que des avantages ; il faut remplir une fiche particulièrement détaillée. Exemple, le cas du Lac de Télamine.

Lac de Télamine

Le lecteur y trouve de nombreux renseignements :

« Critère 4 : Ce site est une aire importante d’hivernage et de stationnement en passage de migration des oiseaux, notamment pour les Anatidés. En particulier :

  • le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna) qui a représenté plus de 1% de la population totale au cours de 3 années récentes (2003, 2004 et 2005), 
  • le Canard souchet (Anas clypeata) qui a représenté plus de 1% de la population totale au cours de 2 années récentes (2004 et 2005), 
  • le Flamant rose (Phoenicopterus ruber) qui a représenté plus de 1% de la population totale au cours d’une année récente (2003), 
  • les populations de Tadorne casarca (Tadorna ferruginea) et de Canard siffleur (Anas penelope) avec des chiffres intéressants. »

A vrai dire, tout l’environnement y est décrit en long en large et en travers. Mais « décrit » est le mot à utiliser parce qu’on n’y trouve pas trace d’écosystème à proprement parler, c’est-à-dire d’interaction entre les différentes formes de vie, et entre ces formes et leur milieu. Tout reste très descriptif.

Par contre, on comprend assez vite qu’il y a de gros soucis…

« En Algérie, les zones humides sont considérées comme des zones d’épandage ou exutoires recevant les ordures et les eaux usées charriées à travers des réseaux dits d’assainissement ;

Le pire, c’est que quelques zones humides sont maintenant utilisées comme des décharges publiques où, quotidiennement, des tonnes d’ordures ménagères sont déversées comme c’est le cas de la zone humide de Aïn El Beïda (Ouargla) connue aussi et officiellement sous le nom de Chott Aïn El Beïda et considérée comme une zone humide d’importance internationale (site Ramsar* n° 1414 retenue le 12 décembre 2004). » (source Djazairess)

Apparemment, le Flamant rose est sérieusement menacé.

J’espère qu’il en restera quand je viendrai.

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)

*

NB : quelques mots sur la grande Sebkha d’Oran sur cette page.



 

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