Carte topographique des hauteurs environnantes d’Oran

Ce que j’aime quand je regarde Oran, c’est la topographie générale.

On n’a pas ça à Bordeaux même si on a quelque chose de voisin à travers les « falaises » de calcaire qu’il faut grimper pour accéder au plateau des villes de la rive droite comme Lormont ou Carbon-Blanc.

Mais on n’a pas de repères aussi marqués pour encadrer la ville et en tomber amoureux même quand on ne l’a jamais vue.

Il y a longtemps que je me demande si mon intérêt pour la ville ne dépend que des relations mémorielles et plus ou moins mythiques que j’entretiens avec elle ou si des caractéristiques objectives ont aussi leur place.

Je crois que le mythe seul n’aurait jamais suffi à m’intéresser. Je suis difficile et bien de ma génération, il me faut un minimum de spectaculaire pour que je puisse m’intéresser à quelque chose plus de deux heures.

Dans le cas d’Oran, il y a d’abord une vue générale de Santa Cruz qui marque l’esprit.

Mais cette vue-là fait partie de mon enfance, ce n’est pas elle qui m’a attiré. C’est même une vue que j’évite désormais parce qu’elle ne reflète plus tout à fait ce qui pour moi fait le charme d’Oran. Je préfère une vue des arènes, par exemple.

Mais si je commence à me poser quelques questions, je me rends compte que j’aime :

  • Le massif du Murdjajo qui sépare Oran de Mers el Kebir. Il bloque le développement de la ville à l’ouest.
  • La sebkha qui donne une nette limite à la ville. Elle bloque le développement de la ville au sud.
  • La longue jetée est-ouest au nord et les trois jetées perpendiculaires qui forment des bassins. Là, c’est la mer qui bloque la ville.

Donc la ville est bien coincée. Bien délimitée. C’est satisfaisant pour l’esprit. On peut se repérer facilement.

Mais ce n’est pas tout. A l’intérieur de ce cadre délimité, on peut très nettement couper en deux : Il y a le fond du ravin (Sidi El Houari) et le plateau (Kargentah).

Le fond du ravin est l’Oran historique. Le plateau est la ville moderne qui se développe à la fin du XIX°S. Toute l’activité économique est transférée du bas vers le haut. Sidi El Houari est déserté ou presque. C’est le début de la fin.

Et puis, au fond, à l’est, il y a la montagne des Lions qui sort de nulle part, uniquement constitué de deux sommets jumeaux.

Il est rare d’avoir une ville marquée par des repères naturels aussi équilibrés sur le plan de la composition.

  • A l’ouest et à l’est : deux sommets spirituels (Santa Cruz et les Lions) qui se répondent.
  • Au sud et au nord, deux milieux aqueux et salés qui se répondent aussi (la mer et la Sebkha).
  • Au centre, une ville basse ancienne dans un ravin, nettement séparée par une une ville haute et récente sur un plateau.

Ce genre de topographie subtilement géométrique est tellement plaisant pour l’esprit qu’il est automatiquement happé dans les dédales de la ville aux murs chauds.

A partir de là, il faut lire Camus.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)

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PS : Pour mieux vous repérer dans l’article que vous venez de lire, allez faire un tour sur le premier article en vidéo



 

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