L’église Saint-Louis – Peinture Selka Abdellouahab

La vieille église Saint-Louis est d’une grande noblesse.

La cathédrale de Ballu dont j’ai parlé il y a quelques jours ne lui arrive pas à la cheville.

Elle est belle mais elle n’est pas noble. Sur le plan stylistique, elle mélange un peu tout et n’importe quoi. Elle a fini par devenir une bibliothèque.

C’est dommage mais ce n’est pas étonnant.

Elle a été construite  sur de mauvaises bases. Ce genre de destin n’atteindra jamais l’église Saint-Louis.

Elle sera détruite ou fermée à jamais mais certainement pas transformée en bibliothèque.

L’Église Saint-Louis est une très vieille dame qui a des valeurs solides.

La vieille église Saint-Louis ne s’amuse pas à mettre du romano-byzantin là où on ne le lui demande pas, la vieille église Saint-Louis tente d’être le plus intègre possible. Intègre ? En accord dans la pratique avec ses valeurs morales. Elle est une église catholique ; elle va se comporter en église catholique et pas autrement dans l’espoir vain de séduire par ses couleurs vives.

La grande cathédrale sort ses parures, l’église Saint-Louis s’habille de blanc.

La grande cathédrale cligne de l’œil à tout va, l’église Saint-Louis regarde droit devant elle. La grande cathédrale s’échine, l’église Saint-Louis s’élève. Question de posture : on met du fard pour attirer les grands de ce monde ou des robes blanches pour accueillir les démunis. Les valeurs sont éternelles. L’église Saint-Louis est une vieille dame qui ne craint rien du temps : noblesse oblige.

La vieille église Saint-Louis sait que les amoureux font des bêtises dans le petit tunnel sous ses jupons, elle les protège.

La vieille église Saint-Louis sait que la Vierge de Santa Cruz protège la ville de loin, elle protègera de près ceux qui se cachent derrière ses arcs. La vieille église Saint-Louis est une grand-mère espiègle avec les galopins qui courent dans ses ruelles et jouent au foot place de la Perle. Elle les regarde descendre les escaliers comme des furies derrière leur ballon vert et les bénit.

Son corps est vide. Il y a longtemps qu’elle n’enfante plus.

Elle est dans le sourire.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?).

*

NB : C’est un article écrit bien avant celui sur le style Jonnart, mais je me rends compte que je critique déjà certaines formes qui ménagent la chèvre et le choux, comme le romano-byzantin, qui marque lui aussi une influence de l’orientalisme scientifique de la fin du XIX° siècle.



 

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