Le Palais de Kourdane – palais situé près d’Aïn Madhi dans le wilaya de Laghouat en Algérie. Ancien palais des Tidjani, il se présente comme une grande demeure hexagonale décorée de céramiques, entourée de jardins à la française et d’un vaste verger – C’est là que vécut Aurélie Picard aussi appelée Lalla Yamina Tidjani (1849-1933), héroïne du récit Djebel Amour de Roger Frison-Roche (Wikipedia)

Il y a bien longtemps, Aurélie Picard habitait Bordeaux.

A Bordeaux, tout peut arriver, je suis bien placé pour le savoir. C’est le point de départ de toutes les grandes aventures.

Et comme certaines s’achèvent avec une légion d’honneur à Sidi Bel Abbès, c’est peut-être à méditer.

« Finalement, Aurélie Picard figura au tableau de la Légion d’Honneur du 1er janvier 1931.

Compte tenu de son grand âge et de son état de santé, le général Rollet, inspecteur de la Légion Etrangère décora Aurélie Keller-Tidjani au domicile de son neveu Bertrand, 32 bis avenue Edgard Quinet à Sidi Bel Abbes, département d’Oran, le 30 avril 1931, jour de la fête de la Légion Etrangère. » (sur cette page)

Mais en attendant de découvrir les joies de la décoration à Sidi Bel Abbès, il faut que je m’installe quelque temps du côté du Grand Hôtel, histoire de voir si une princesse arabe peut tomber amoureuse d’un écrivain biographe.

« Modiste, elle est engagée comme dame de compagnie au Château d’Arc-en-Barrois. La défaite française de 1871 face à la Prusse l’entraine auprès du Ministre des Postes du gouvernement en exil à Bordeaux. 

Là, elle rencontre un jeune prince et dignitaire musulman, Si Ahmed Tidjani, qui s’éprend d’elle et l’épouse à Alger. Elle fait construire le palais de Kourdane où elle règnera telle une princesse pendant près de soixante ans. Elle fut chevalier de la Légion d’Honneur. »

Wikipedia ne s’est pas foulé.

C’est étonnant parce que beaucoup de monde parle de cette jeune demoiselle devenue femme en Algérie.

Aurélie Picard a le coup de foudre

Le détail du coup de foudre, par exemple, résumé ci-dessous :

« En 1870 un cheikh, parent de Sidi el Tidjani, vint en France pour féliciter les tirailleurs algériens qui s’étaient bien battus à Wissembourg.

Il aperçut chez le député de la Marne, Steenakers, une jeune lorraine, Aurélie Picard, fille d’un officier qui avait reçu la Légion d’honneur pour sa participation, en 1843, à la prise de la Smalah d’Abd el-Kader ! (le père d’Aurélie a donc reçu la légion d’honneur pour avoir participé à la prise d’Abd el-Kader)

Aurélie Picard (en haut à droite)

Il dut y avoir, du moins pour le cheikh, quelque chose comme un coup de foudre. (Pourquoi « du moins pour le Cheikh » ?)

Il fit savoir à l’officier français qui l’accompagnait pour lui servir d’interprète  qu’il souhaitait l’épouser.

L’interprète contacta le père d’Aurélie qui comprenait suffisamment l’arabe pour discuter des conditions d’une éventuelle union. Le demandeur offrait entre autres 400 chameaux, des bijoux et la répudiation de toutes ses concubines.

Aurélie consultée, accepta de partir en Algérie. (C’est une manière très étrange de rapporter les sentiments d’Aurélie pour Si Ahmed Tidjani)

Le mariage fut célébrée en 1871 à Alger par Monseigneur Lavigerie et par le grand mufli Bou Kandoura.

Aurélie eut beaucoup d’influence sur son époux (décédé en 1897) et sur son beau-frère ensuite qui avait noué avec elle un mariage de tradition afin qu’elle puisse rester à Aïn Madhi et continuer à oeuvrer pour la confrérie des Tidjaniya.

Aprés son deuxième veuvage elle passa deux ou trois ans à Alger ou en Lorraine ; mais elle revint en 1924 à Aïn Madhi où elle mourut en 1933.

Elle est enterrée près du mausolée de son époux , à Kourdane, près d’Aïn Madhi. »

Mausolée des Tidjania, Palais Kourdane (environs de Aïn Madhi). 17 mars 2009 – Photographie Abdelkhalek Labbize

Aurélie Picard fait partie des femmes incroyables à qui ce genre de narration ne rend pas justice. C’est raconté n’importe comment.

Et il manque la Légion d’Honneur à la fin.

Sinon, je ne serais pas là pour raconter Aurélie Picard ; elle n’est pas de la région que je me suis fixé comme limite pour ce blog : Oran.

Il faudrait passer des heures et des heures sur sa biographie.

Cette page, par exemple, (mais cet encadré aussi) donne un portrait plus détaillé d’une femme qui, par certains aspects, me fait beaucoup penser à Caïda Halima.

Sur le site de tidjaniya

 

Mais je fais peut-être fausse route en comparant les deux.

Nulle doute cependant, si j’avais connu Aurélie Picard en même temps que Caïda Halima, je les aurais réunies dans un même article, parce que la conclusion que je tire de cette histoire est identique :

Certaines personnes sont suffisamment libres dans leur tête pour se passer des idéologies.

C’est une leçon pour toute époque et pour tout le monde. On aimerait pouvoir être comme ces femmes.

Et ceci sur la tombe, pour finir, qui mérite d’être lu :

« Ici se trouve la tombe de Mme Aurélie épouse du Sidi Ahmad Ammar petit-fils du Ghaouth Sidi Ahmad Tijani.

Décédée avec la foi musulmane par l’attestation de tous les Musulmans qui l’ont connu dans la Zaouiya de Kourdane,

Agée de 84 ans, le lundi 28 Août 1933. »

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

Articles recommandés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *