Maurice el-Medioni (source : wnyc)

C’est Maurice el-Medioni qui parle.

« Tous les oranais de ma génération qui ont connu la splendeur de l’époque musicale d’Algérie, particulièrement Oran, où on a excellé, je crois qu’ils sont tous remplis

Ils ont le cœur gros comme ça de l’époque que nous avons vécue. Et du miel qui a coulé chez nous. »

C’est dans la vidéo qui se trouve et qui n’est que le début d’un long reportage consacré à la musique judéo-arabe.

Les premières minutes se passent à Oran sur fond de Salim Halali. Très beau.

J’avais déjà un peu évoqué Reinette l’Oranaise dans cet article au mois de juin, je découvrais alors l’univers de la musique judéo-arabe.

Je voyais bien qu’il y avait du monde à cette époque, mais je n’avais pas le temps d’y consacrer de l’énergie.

Aujourd’hui, je n’ai pas beaucoup de temps non plus, mais je commence à y voir plus clair dans une époque qui, sur le plan musical, fut bénie, aux dires de Maurice el-Medioni.

« Maurice el-Medioni est le neveu de Messaoud el-Medioni, plus connu sous le nom de Saoud l’Oranais, un grand nom du hawzi raflé à Marseille, déporté avec son fils en mars 1943 et disparu dans le camp de Sobibor en Pologne.

Né en 1928 en Algérie, ancien tailleur à Oran qu’il quitte en 1961, Maurice el-Medioni, qui s’est fait un prénom comme pianiste, joue à mêler tout ce qui l’a nourri depuis un demi-siècle : boogie-woogie, rumba cubaine, raï, andalou, hawzi, chant hébraïque et variétés françaises d’avant-guerre.

Durant sa longue carrière, cet autodidacte a joué avec les plus grands noms de la chanson juive d’Afrique du Nord comme Lili Labassi, Line Monty, Lili Boniche ou Blond-Blond.

Il fut en outre, avec feu l’Algérien Mustapha Skandrani, l’un des musiciens attitrés de Reinette l’Oranaise.

Etabli à Marseille à partir de 1967 où il travaille dans la confection, sur les routes chaque fois qu’on a sollicité son piano, Maurice el-Medioni a enregistré et publié Café Oran, Samai Andalou et Pianoriental. » (c’est sur Algériades.com)

Maurice el-Medioni (le premier à gauche au 2ème rang) avec l’orchestre Bendaoud à l’Opéra d’Oran, en 1960. Avec le virtuose du violon Ben D’hiba (au milieu) et le chanteur Ahmed Sabeur (tout au fond en costume noir avec pochette blanche).

Précisions plus récentes sur Wikipedia :

« En 2006, à l’âge de 78 ans, Maurice el-Medioni publie son quatrième album, enregistré à New York avec le groupe cubain de Roberto Rodriguez, un percussionniste cubain de New York qui dit de lui : Maurice el-Medioni est un vrai original.

Dans sa musique, on entend de tout : de la liturgie juive au raï, des romances espagnoles à la salsa, jusqu’au jitterbug et au jazz. La musique est aussi riche et exquise que celle des grands musiciens originaires de Cuba

En écoutant sa musique, la connexion entre arabe et sépharade est devenue très claire ; il y a la présence forte des rythmes africains et de belles et romantiques mélodies, comme dans une chanson cubaine. »

Les trois pays de Maurice el-Medioni

Et Maurice el-Medioni chante donc Oran, la ville de son enfance dans le Derb.

Je ne connaissais pas vraiment non plus Mustapha Skandrani que j’avais pourtant vu dans la vidéo de Reinette l’Oranaise.

Il y avait peut-être un trio Reinette l’OranaiseMustapha Skandrani et Maurice el-Medioni.

Je regrette souvent de ne pas être mélomane. La musique transcende certaines catégories sociales, ethniques et religieuses, et peu d’arts arrivent à l’égaler.

Maurice el-Medioni joue « Bienvenue » au Café Bialik
Tel Aviv le 7 Septembre 2009 (Kef Israël)

On regarde tout ça avec beaucoup d’envie et on se dit parfois qu’on aimerait aussi être aveugle.

« Il est installé aujourd’hui en Israël après avoir vécu à Paris et à Marseille, mais ne se définit pas comme l’homme de trois pays : «L’Algérie est ma terre natale, j’oublierai tous les autres pays, mais pas celui-là, ni ma ville d’Oran.» C’est dans un article de Libération daté du 8 août 2012.

Maurice el Medioni en 1950

« Le 9 août 2012, il est victime d’un AVC après avoir donné un concert à Vence dans le cadre du festival « les Nuits du Sud » (Wikipedia)

J’ai cru qu’il était mort.

Mais c’est Wikipedia, et Wikipedia, c’est vous et moi, c’est-à-dire pas grand-chose ; il vaut mieux vérifier.

Surtout quand il s’agit d’annoncer la mort de quelqu’un.

Vérification faite : Maurice el-Medioni semble s’être rétabli.

C’est Bajikou qui l’annonce le 5 septembre 2012 à 8h14 dans un commentaire. (J’espère juste que Bajikou est une source fiable 😉 )

« Plus de peur que de mal. L’un des plus grands pianistes du monde, est complètement requinqué. Il est rentré chez lui après 3 jours d’hôpital où il a été mis en observation. Longue vie à cet extraordinaire personnage. »

Bienvenue au monde Maurice.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)

*

NB : commentaire de Brahim Zeddour laissé sur le lien Facebook de cette page le jour même et très instructif :

« Saoud avait un cabaret à la rue de la révolution à Oran. Ils ont oublié de mentionner que Maurice a été pianiste dans l’orchestre de Blaoui. A l’occasion de l’année de l’Algérie en France, Khaled créa la surprise en organisant la rencontre entre Maurice et Blaoui, qui ne se sont pas vu depuis 1962. Maurice a accompagné au piano le duo Blaoui-Khaled dans la chanson fétiche H’mama. Récemment, on a vu Maurice rejoindre l’orchestre El Gusto. »

Merci de m’avoir fait découvrir cette chanson. Je trouve l’interprétation de Khaled il y a 4 ans très forte.

 

Rencontre Cheb Khaled, Maurice El Médioni et Blaoui El Houari.



 

Articles recommandés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *