J’ai vu surgir le livre de Marie Cardinal chez ma mère à la fin des années 80.

Je crois qu’on le lui a offert. Je ne pense pas qu’elle l’ait acheté.

Ce livre s’appelle sobrement Les pieds-noirs, Algerie 1920-1954. C’est ce qu’on appelle un « beau livre« .

Il est de grand format, bleu foncé, avec de nombreuses photos de qualité, édité chez Belfond.

Aujourd’hui, je découvre émerveillé le continent inconscient de l’Algérie.

Mais je n’ai pas toujours été aussi réceptif, c’est un euphémisme. Les Français d’Algérie en France (dans ma famille) se comportaient de manière étrange. Je crois qu’ils ne se sentaient plus nulle part depuis longtemps. Je les regardais sans comprendre. Et je n’étais pas rassuré.

Ce monde-là était trouble. On n’y évoquait peu l’Algérie, mais elle était partout, dans la mouna, les makrouds ou le couscous.

Mon grand-père faisait de la sculpture sur bois à partir de cartes postales. J’ai un cadre de lui, accroché sur le mur de mon escalier, qui représente quelque chose comme une casbah avec deux musulmanes qui passent sous un porche. C’est simple.

Je me suis souvent fait la réflexion, en observant d’autres familles, que la mienne était étrange. Sans comprendre à quel point c’était grave. J’étais surtout très effrayé et j’ai préféré fuir.

Je n’en suis pas fier.

« La Mouna est finie, on se repose en ce lundi de Pâques » (Marie Cardinal – Les Pieds-Noirs)

Il m’a bien fallu 20 ans pour me construire une force intérieure capable de résister à tous les tsunami. Je ne crains plus ni l’Algérie des Algériens, ni celle des pieds-noirs. J’ai tout ce qu’il faut dans la tête pour ne plus me laisser impressionner. Mais ça n’a pas été sans mal.

Quand j’étais plus jeune, le gros livre bleu de Marie Cardinal me faisait peur.

« Marie Cardinal est née en 1928 à Alger. Après avoir obtenu une licence en philosophie de même qu’un diplôme d’études supérieures de l’Université d’Alger et de la Sorbonne, elle se consacre à l’enseignement de la philosophie. De 1953 à 1960, elle travaille à Salonique, Lisbonne, Vienne et Montréal.

Puis Marie Cardinal délaisse l’enseignement afin de se consacrer à l’édition et au journalisme. Elle travaille alors à la lecture et à la réécriture de textes pour des maisons d’édition telles que Grasset et Gallimard. Elle collabore également à différentes publications dont L’Express et Elle. »

Marie Cardinal en octobre 1980

C’est une biographie du Théâtre Espace Go que je ne connais pas.

Je ne suis pas sûr de l’avoir ouvert une seule fois jusqu’à ces derniers jours.

Et puis en allant chercher quelque chose dans mon garage tout à l’heure, je l’ai aperçu, perdu au milieu de beaucoup d’autres choses. J’ai un peu hésité – mais pas longtemps – je l’ai pris entre mes mains et je l’ai ouvert au hasard. Bien sûr, je suis tombé sur Oran.

Qu’allait dire Marie Cardinal ?

« Oran est une ville où seul Camus a lu l’ennui. Avec ses vastes artères, sa promenade de Létang – ce n’est que le nom d’un général de la Conquête – son quartier juif, son village nègre – entendons indigène –  son port espagnol et, Ô comble de l’exotisme, ses arènes d’Eckmühl où les plus grands matadors de l’Espagne ont toréé, Oran est la plus attachante, la plus vivante des cités méditerranéennes.

On y parle principalement espagnol ou valencien (c’est-à-dire catalan), même – ou surtout – au marché, un peu l’arabe, accessoirement le français. Oui, Oran est une ville à part, une ville entière, altière, étrange et qui ne se laisse pas facilement posséder. Oran appartient aux Oranais. »

Quelque chose cloche dans ce texte. Probablement le fait qu’il n’y ait que des généralités.

On survole.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)

*



 

Articles recommandés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *