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L’autre jour, je déambulais dans le grand centre commercial et culturel Alice à la recherche d’une surprise comme Le minotaure 504 lorsque j’ai atterri dans le rayon des guides touristiques.

Je me suis tapé le front plusieurs fois contre les murs en me traitant de tous les noms. Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ?

Je n’ai pas mis trois heures avant de repérer le seul petit guide sur l’Algérie qui traînait dans le coin : un Petit Futé.

L’Australie, juste à côté, avait droit à des guides tous plus colorés les uns que les autres.

Je ne sais pas comment vont les kangourous là-bas, mais je n’envie pas leur destin. Des centaines d’iPhone braqués sur soi à longueur de journée, c’est le grand retour de la pomme comme symbole du mal absolu. Si les kangourous sautent encore au milieu des flashs, ça ne doit plus être de joie depuis longtemps.

Les conseils du Petit Futé

C’était le quart d’heure australien.

L’Algérie, perdue dans les limbes du tourisme international, doit donc se contenter du Petit Futé. Ce n’est peut-être pas plus mal.

A quoi ressemble Oran là-dedans ?

Oran ressemble très exactement à l’image qu’on peut avoir de la ville : Santa Cruz, le Front de mer, Les Andalouses et le Raï sur la Corniche.

Je ne me moque pas, c’est très exactement là où j’irai en premier parce que je me vois mal commencer par les arènes, la cité Perret ou la gare sans être d’abord  monté voir Santa Cruz.

C’est en écrivant cette dernière phrase que je prends conscience du profond désir que j’ai de découvrir Oran par Santa Cruz. Probablement parce que c’est l’image de mon enfance.

En photo, je ne peux plus regarder Oran par Santa Cruz, il y a un trop plein. Mais dans la réalité, je n’attends que ça : me retrouver là-haut et regarder « en vrai » ce que j’ai toujours vu « en faux » , derrière un cadre de verre, chez mon grand-père.

Le Front de mer vu depuis le Petit Futé

D’ailleurs, le guide est divisé en chapitres illustrés à chaque fois par une photo symbole. « Le nord-ouest » est ainsi logiquement accompagné d’une « vue de la baie d’Oran depuis le fort de Santa Cruz. »

34 pages sont consacrées à la région.

Et c’est d’un ennui à mourir. Je n’arrive pas à lire deux paragraphes de suite. Je me l’explique assez mal, ça devrait m’intéresser. D’autant plus que je ne connais pas tout, loin de là !

Mais ça m’ennuie à un point inimaginable.

Je crois que c’est le style du texte : il y manque tout ce qu’il y a sur le Forum Culturel Oranais de Kamel ou sur les pages de JC Pillon, un minimum d’amour.

J’ai besoin de ressentir la ville. Pas de la voir en photo.

Au fond, la différence entre un touriste et moi se trouve peut-être là : partout où j’irai, le touriste sera là, lui aussi, mais avec un appareil photo.

Pas moi.

Je ne prendrai pas de photo depuis Santa Cruz. Je n’en peux plus de cette photo.

Je ne veux pas de photos, je veux « du vrai » .

C’est la différence.

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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