Khaled (source : Magharebia)

J’ai l’air de m’y connaître comme ça, mais j’ai découvert Kouider Berkane il y a très exactement 3 min et 50 secondes.

J’ai voulu récupérer une photo de Kouider Berkane pour la mettre à côté de l’article, peine perdue, si je tape son nom dans Google images, je trouve 30 photos de Khaled et 20 photos de Mami.

C’est peut-être aussi bien, puisque c’est d’eux que Berkane se plaint.

  1. Et puis Khaled est du quartier d’Eckmühl à Oran.
  2. Et puis Khaled fait honneur à Oran la Radieuse.
  3. Et puis Khaled est toujours en train de rire.

J’imagine qu’il lui arrive parfois d’être malheureux, mais il ne le laisse jamais transparaître. C’est peut-être oranais, ce mouvement de l’âme : la grande fierté qui ne se laisse pas assombrir par les horreurs du monde ; le rire généreux qui adoucit tout.

Alors de quoi se plaint Kouider Berkane ?

Il y avait du violon dans le raï et il n’y en a plus.

C’est dans un article très riche sur DZair Infos (le lien est malheureusement cassé), Kouider Berkane se confie :

« En tant que musicien, j’ai marqué ma première collaboration avec Khaled en 1978 avec l’enregistrement de son premier 45 tours, Trig lyci. Le violon venait alors de prendre sa place dans l’orchestre raï.

En 1983, j’ai composé pour Khaled la chanson qui lui a permis de passer à la télé pour la première fois, Tal adabi. Puis vint Hata enti twalou djenhik, en 1985. J’ai également arrangé certaines chansons pour lui. En somme, nous avons travaillé ensemble pendant huit longues années.

Pour Mami, nous avons réalisé ensemble, en 1985, l’album Manzewedjchi. Ceci dit, même quand les deux se sont installés en France, j’ai continué à travailler avec eux, notamment dans les arrangements de certains tubes pendant les années 1990 comme Bakhta, le Raï est chic J’ai réussi à imposer le violon dans pas mal de titres.«

Kouider Berkane

Le journaliste pose la question : « Est-ce que vous avez travaillé avec d’autres chanteurs de raï ? » […] J’ai eu l’insigne honneur de travailler avec Lounis Aït Menguellet pendant des mois. 

C’est son manager, Salah Bekka, qui m’a sollicité pour introduire le violon dans la musique de Aït Menguellet. Celui-ci a été très satisfait. Pour lui, le violon a été un plus pour sa musique. »

Après, c’est toujours la même question : était-ce mieux avant ? 

Et c’est toujours la même réponse : c’était différent.

Je me rappelle très bien une distinction qu’Antoine Compagnon a faite il y a quelques années : il séparait les « modernes » , les « réactionnaires » et les « anti-modernes. »  Je me suis tout de suite reconnu dans les anti-modernes (qui n’ont rien à voir avec les réactionnaires).

  • Les modernes croient que ce qui est nouveau est toujours mieux. Il faut être absolument moderne. C’est du Rimbaud. Il faut rompre avec la Tradition. Toute oeuvre n’est digne de porter ce nom que si elle rompt avec son passé et apporte de la nouveauté.
  • Les réactionnaires croient qu’il est possible de revenir en arrière pour remettre au goût du jour ce qui a disparu de la surface de la planète. C’est pathétique parce que ça ne prend pas du tout en compte le fait (certes triste) que le temps ne coule que dans un seul sens.
  • Les anti-modernes avancent en regardant dans le rétroviseur. Ils savent ce qu’ils perdent mais avancent malgré tout. Ils cherchent à sauver le passé en le conservant dans des formes modernes. « Il faut que tout change pour que rien ne change » (Giuseppe Tomasi di Lampedusa – Le Guépard)

Alors je vous laisse tenter d’y voir plus clair sur Khaled et Berkane.

Khaled regarde devant, c’est sûr. Donc il n’est pas réactionnaire : est-il moderne ou anti-moderne ?

Berkane regarde derrière c’est sûr : Donc il n’est pas (absolument) moderne : est-il réactionnaire ou anti-moderne ?

J’ai mes réponses.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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