Opération Torch, novembre 1942. Américains marchant dans une rue d’Oran, Afrique du Nord, 1942. Photographie SC-149963 du Corps des transmissions de l’armée américaine, publiée le 21 décembre 1942. Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque du Congrès. Photographié à travers la manche en Mylar. (2016/05/27)

Cette petite ruse du titre américain renvoie vers une page d’Edgard Attias.

« Le nouvel Oran enchante les « Yankees » qui y ont débarqué, ainsi que les journalistes.

De nombreux Américains se souviennent d’Oran. » 

Je m’arrête là, je donnerai la suite plus loin.

« De nombreux Américains se souviennent d’Oran. »

C’est qu’il y a eu l’autre débarquement. Le vrai. Celui du 8 novembre 1942. Tous les détails sont ici et je ne vais pas me faire historien. D’autres sont infiniment plus compétents que moi.

Mais dans la famille, le passage des Américains à Oran est lié au café que mon arrière-grand-mère tenait à Valmy. Mon père écrit dans son récit :

« De 1942 à 1944, durant la période qui fit suite au débarquement américain du 8 novembre 1942 en Afrique du Nord, le café fonctionna très bien car de nombreux soldats américains stationnaient à Valmy, proche de l’aérodrome de La Sénia (5 kms).

D’ailleurs quand les Américains débarquèrent, ils durent bombarder certains fortins enterrés par des troupes françaises du gouvernement de Vichy du Maréchal Pétain pour la défense de l’aéroport. Les habitants du village de Valmy s’enfuirent dans les champs alentours pour se mettre à l’abri.

Les relations devinrent cependant très vite amicales avec les soldats qui consommaient pas mal d’alcool et laissaient des dollars recherchés. »

Les relations avec les américains sont de toute façon souvent amicales, comme ça, de prime abord. Plus tard, on prend conscience d’une certaine forme de séduction.

Les pionniers américains

Les Américains sont de grands séducteurs, il suffit de regarder Hollywood pour s’en convaincre.

Ma grand-mère paternelle se faisait aborder par les soldats et mon grand-père veillait au grain, j’en ai parlé dans l’article d’hier.

Paris. « Les Parisiens ont appris par la voix de la radio et la presse du soir l’agression américaine contre l’Afrique du Nord ». (Légende d’époque). 09/11/1942 – Sipho SA Bruxelles. ©Service historique de la Défense, Vincennes

Comme partout ailleurs, les Américains ont essaimé leur culture de pionniers faite de petits objets comme les chewing-gum et peu de monde a résisté à la tornade.

Alors quand les journalistes américains débarquent à Oran en décembre 1950, que retiennent-ils d’Oran dans leur article ? L’esprit des pionniers.

J’ai toujours été sceptique devant cette notion.

Mais quand des Américains en parlent eux-mêmes dans leur article, au retour d’un voyage à Oran, je tends l’oreille :

« On a l’impression qu’on y [à Oran] voit grand, que l’esprit des pionniers subsiste. On est fier des belles routes qui sillonnent les régions agricoles, et du grand boulevard qui allonge le port. Comme partout en Afrique du Nord, le passé et le présent co-existent. Après la succession des conquérants de la population berbère, les Turcs, les Arabes, encore les Turcs, les Espagnols, les Français en quatre générations – sans heurter les mœurs musulmanes ou autres – ont créé un pays très productif.«

A noter le sans heurter les moeurs musulmanes ou autres écrit dans l’article et sur lequel je ne ferai pas de commentaire parce que je ne sais pas très bien quel commentaire je pourrai faire.

Mais je me rappelle subitement que les Américains sont les seuls actuellement à s’intéresser de près à l’histoire des pieds-noirs.

J’ai vu passer sur un site pieds-noirs il y a déjà plusieurs semaines un appel à témoin d’une certaine Rachel qui faisait une thèse à Washington. J’en ai été très étonné.

Et puis à Masseube, j’ai eu la confirmation de l’intérêt américain pour cette histoire : ils sont nombreux, là-bas, à faire des thèses sur l’exil forcé de la communauté pieds-noirs.

Ils sont nombreux à étudier la manière dont cet exil s’est transmis dans les générations suivantes.

Les Américains sont pétris de l’esprit pionnier. Le mythe de la frontière est à la base de toute leur culture. Peut-être sont-ils à même de comprendre la communauté pieds-noirs mieux que quiconque.

Peut-être sont-ils à même de comprendre d’où vient le fameux mythe pionnier.

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?).

*

NB : quelques petits articles sur les Américains depuis ce texte du 3 août : d’abord celui de Edgard Attias. Je découvrais quelques jours plus tôt qu’un ancêtre se faisait tuer dans la Fort de Santa Cruz lors du débarquement des Américains à Oran (opération Torch), le 8 novembre 1942. Puis le livre de Alfred Salinas, très fouillé, sorti en janvier 2013, et sur lequel j’ai fait un article qui s’intéresse à un petit point de détail, la rue de l’Aqueduc



 

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