On est quelques-uns sur cette planète à se demander ce qu’on fiche là.
Juste parce qu’on ne voit pas très bien la relation qui peut exister entre nous et l’endroit et nous nous trouvons.
Alors, on travaille, on joue avec ses enfants, on lit des livres et on va voir la mer, tout en se demandant si, un jour, on arrivera à être quelque part, en plein accord avec la terre qui se trouve sous nos pieds.
C’est l’effet que me procure la Tour Eiffel de Gambetta.
Il n’y a pas beaucoup de trace de cette Tour Eiffel sur Internet, on ne la trouve que sur le Blog de Tarambana, que j’aime beaucoup depuis longtemps.
Il y a un vrai regard.
Le plan du Gambetta 1950-60 que je mets ci-dessous est tiré du blog de Tarambana, et la photo, du livre tout en photographies de Teddy Alzieu, « Oran – Mémoire en Images » , publié en 2001.
C’est là que j’ai aperçu cette drôle de Tour Eiffel plantée au milieu d’un jardin.
« Faisant suite au faubourg Miramar sur la route d’Arcole, le faubourg Gambetta est déjà desservi en 1909 par une ligne de tramway. Sur la carte, on peut voir un ancêtre de nos parcs de loisirs, « Aux Délices de Gambetta » , avec une tour Eiffel en réduction.
En ce début du XX° siècle, Gambetta est un des quartiers les plus agréables d’Oran avec ses villas et ses jardins. C’est le but favori des promenades dominicales des bourgeois du centre-ville. »
Une tour Eiffel plantée au milieu d’un parc de loisirs à Oran, ça me rappelle Etienne Daho (qui est d’Oran) et sa chanson « Paris ailleurs ».
Pour moi, ce genre de photographie, c’est vraiment l’emblème absolu du déracinement.
Mais pas pour Oran du début du siècle, j’imagine. Là-bas, c’est juste une trace de la Mère-Patrie.
Une autre trace de la Mère-Patrie se trouve derrière la Cathédrale : c’est la Statue de la Liberté.
Parce que les américains ont copié Paris, comme pas mal d’autres pays. L’original se trouve sur l’Île aux Cygnes et a été inauguré le 15 novembre 1889.
Je doute qu’elle soit toujours à Oran aujourd’hui… et j’aimerais bien savoir par quoi les Algériens l’ont remplacée.
Aux photographes amateurs sur place, merci de me renseigner sur ce point.
Et puis l’année 1962 passe par là.
Jeanne d’Arc, de l’autre côté de la Cathédrale, s’installe à Caen.
Toujours Teddy Alzieu :
« De style néo-byzantin, la cathédrale du Sacré-Coeur, ouverte au culte depuis 1913, a été consacrée en 1930. Son parvis donne sur le square Jeanne d’Arc ; La statue équestre de la sainte a été inaugurée en 1931 pour le centenaire de l’entrée des français dans Oran. Le sculpteur est Joseph Ebstein.
Le monument a été rapatrié à Marseille en 1962 puis érigé sur la place de la Résistance à Caen. »
Je pourrais commencer à faire le tour des monuments rapatriés en France à droite et à gauche mais je ne le ferai pas.
Pas aujourd’hui en tout cas.
Aujourd’hui, je suis questionné par un fait difficile à analyser : je ne suis pas loin de Perissac et je ne suis pas encore allé voir « La France. »
Une certaine appréhension m’en empêche. Je me l’explique assez mal.
Probablement ces deux photos qui m’impressionnent beaucoup, chacune à leur manière.
A l’époque, les deux statues n’en faisaient qu’une autour de l’obélisque.
Lorsque je regarde celle de la place d’Armes aujourd’hui, je vois « La France », en lieu et place d’AbdelKader.
Ce n’est pas volontaire.
Lorsque je regarde « La France » de Périssac, je vois tout de suite « La Gloire » de la place d’Armes.
Chacune indépendante
Mais dans ma tête, toujours liées.
Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)
*
NB : Finalement, la Statue de la Liberté est toujours derrière la cathédrale ! La preuve en image ci-dessous. Sauf qu’à bien y regarder, elle n’est pas tout à fait identique à la statue de la Liberté… Merci à Abdelbaki Fellouah.