L’église de Pujo-le-Plan dans les Landes

Toutes les personnes qui s’intéressent un tant soit peu à Oran ont déjà entendu parler de Henri Fouques-Duparc.

Je vais me laisser guider par le livre de Kouider Metaïr, Oran, la mémoire pour donner quelques points de biographie à l’usage des non-initiés mais ce n’est pas l’angle qui m’intéresse.

Au sortir de la guerre, en 1947, le Général de Gaulle crée le RPF (Rassemblement du Peuple Français) et charge Henri Fouques-Duparc de « foutre en l’air la Gauche » qui domine alors la mairie d’Oran.

Ce n’est pas évident parce qu’un certain Nicolas Zannettacci, « communiste éprouvé » est un redoutable adversaire qui ne craint personne et ne se fait aucun souci pour sa réélection.

Evidemment, il passe à la trappe et Henri Fouques-Duparc devient maire d’Oran le 19 octobre 1947. Il le restera jusqu’au 29 mai 1960.

Il fut un maire charismatique. Une espèce de force de la nature, un bulldozer au service de la ville. « Son incomparable action municipale, sa longévité exceptionnelle en ont fait l’élu le plus estimé et le plus apprécié de l’histoire d’Oran » dixit Kouider Metair en personne.

Il a beaucoup œuvré pour la modernisation de la ville mais il reste dans les mémoires pour trois actions particulièrement spectaculaires :

  1. L’arrivée de l’eau douce dans la ville fêtée par une anisette géante en juillet 1952,
  2. L’achèvement du Boulevard du Front de mer en 1954,
  3. La construction du plus grand stade de foot sur le continent africain à l’époque (je ne suis pas sûr que ce soit toujours le cas  aujourd’hui, il faudra me renseigner).

Lorsque j’ai appris que Fouques-Duparc était mort dans les Landes en novembre 1976 à Pujo-le-plan, je suis allé voir sur Google Maps à quoi ressemblait Pujo-le-plan. Une certaine forme de tristesse s’est emparée de moi.


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J’ai découvert un village au milieu d’autres à l’Est de Mont-de-Marsan. Je n’ai évidemment rien contre Mont-de-Marsan ou Pujo-le-plan mais il est difficile de comparer ces villes à Oran.

Le dernier maire d’Oran s’est éteint « loin de la ville qui l’a vu naître et dont il a gardé nostalgie et meurtrissure » , nous dira sa femme, Françoise, du haut de ses 100 ans. (Kouider Metaïr).

A la fin du mois, je vais à un colloque à Masseube sur la transmission de mémoire dans la communauté pieds-noirs. Il va y avoir des historiens, mais surtout des ateliers dans lesquels des personnes de plus de 50 ans viendront avec des proches de moins de 50 ans, pour échanger et parler de transmission (quelques liens vers les articles sur le colloque de Masseube de fin juin 2012 en bas de page).

Je trouve ça beau. Je ne sais pas ce qu’il en sortira, mais dans son principe, l’idée est généreuse.

Et pourtant.

Quelque part, là-bas, au fin fond de la mémoire, il y a Henri Fouques-Duparc qui a amené l’eau douce à Oran, achevé la construction du Front de mer, construit le plus grand stade africain de l’époque, et qui est mort à Pujol-le-plan, dans les Landes, à l’Est de Mont-de-Marsan, le 22 novembre 1976.

Je ne suis pas sûr que quiconque puisse accéder à sa meurtrissure.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?).

*

NB : Quelques articles sur le colloque de Masseube : la vieille dame, le vieux monsieur, la souffrance.



 

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