Porte de Canastel sur la place Kleber (source : Oran des années 50)

La première porte qui s’est ancrée en moi doit être celle de Canastel.

Puis celle du Santon et celle d’Espagne.

Celle du Santon à cause du nom (qui me fait penser aux fèves de porcelaine dans les galettes de rois) et celle d’Espagne à cause de l’écusson qui la surmonte.

Oran fut une ville particulièrement protégée, on trouve des forts un peu partout (à commencer par celui de Santa-Cruz), des portes, des échauguettes, des fortins, des batteries, des donjons, le tout relié par un important réseau de galeries souterraines dont l’entrée se trouvait au Tambour de San José.

Il assez difficile de se repérer aujourd’hui dans le mic-mac des portes et fortifications d’Oran, mais il existe trois cartes qui valent le coup d’être regardées de plus près, parce qu’elles sont suffisamment claires pour y trouver des marques.

La première est celle qui se trouve ci-dessous.

La Porte de Canastel sur la place Kleber, le Tambour San José au sud, la Porte d’Espagne pour pénétrer dans la Casbah, et la Porte du Santon à l’Ouest pour commencer à grimper vers Santa Cruz, sont d’assez bon repères pour délimiter à peu près correctement la surface de la vieille ville. A noter que la Marine basse (aujourd’hui détruite) ne se trouve pas à l’intérieur de l’enceinte.

Pavillon de la Favorite (photo Abdelbaki Fellouah)

Ces portes « avaient la particularité d’être gardées par des tours bastionnées. Les bâtisseurs de l’époque donnaient une importance particulière aux portes, en y soignant l’aspect monumental et en y incrustant inscriptions et autres écussons. » (Guide Bel Horizon des monuments historiques et sites naturels)

La porte du Caravansérail n’a bien sûr rien à voir avec une porte d’enceinte, c’est une porte de l’ancienne bâtisse construite en 1848 sur le plateau de Kargentah, démontée et remontée sur la promenade de Létang en 1952.

Il semblerait que la limite nord soit localisée plus ou moins au niveau du tunnel Boutin, près de l’Église St-Louis (évidemment contenue à l’intérieur des murailles) au niveau de la pointe (vers le bas sur la carte).

Mais là, je ne suis plus très sûr de moi, il faudra donc peut-être me corriger, j’ai légendé quelques éléments sur la seconde carte que je glisse ci-dessous.

Source : Jacques-Nicolas Bellin, cartographe – (1703-1772) – Carte modifiée

L’enceinte est défendue par un certain nombre de forts qui se trouvent tout autour, régulièrement espacés les uns des autres, les plus connus étant Santa-Cruz, Rozalcasar, ou la Casbah elle-même (« Castillo Viejo »), contenue à l’intérieur des murailles.

Fortifications de la Casbah (source : Jean-Yves Thorrignac modifié)

« Site originel de la Médina, fondée au début du Xème siècle. Les Espagnols transformèrent une partie du site en siège du gouverneur de la ville, dénommé « Castillo Viejo », avec des habitations, des prisons, une académie de mathématiques…

[…] Actuellement (2007) et depuis les années 90, le site très abîmé, est totalement squatté par des dizaines de familles, qui se sont partagées les différentes cellules. On y accède par la rue de Sidi el Houari, ex rue du Vieux Château. » (Guide Bel Horizon des monuments historiques et sites naturels)

Pour se repérer dans les forts qui entourent la ville, il existe une carte qui en dénombre pas mal, et sur laquelle il n’est pas toujours facile de trouver les légendes correspondantes ; mais elle n’est pas surchargée comme tant d’autres, donc on a des chances de ne pas se décourager trop vite, et souvent même, de trouver ce qu’on cherche.

Source : Le coin d’Henri Lafite sur le site Oran des années 50

Si je me réfère un peu à ce que dit le guide Bel Horizon de ces forts, je note par exemple que le fort St-Ferdinand (13) situé dans le prolongement du Camp St-Philippe « avait pour fonction la surveillance et la protection de la source de Ras el Aïn, vitale pour les Espagnols. Avec une autre tour, la Tour Nasciemento, San Fernando constituait la fortification « frontière » du sud de la ville. »

Fort Lamoune (photo Abdelbaki Fellouah)

Il ne reste pas grand chose de San Gregorio (22) protégé par Santa-Cruz (21) et qui servait lui-même à protéger le petit fortin de Lamoune (23) pour verrouiller l’accès à Mers el-Kebir.

La plupart des petits fortins comme San Miguel, San Carlos ou San Luis ont disparu, et d’autres comme celui de San Pedro (Planteurs) sont « rendus invisibles par des constructions illicites. »

Il y en a deux qui conservent toujours des fonctions militaires à ce jour (État-major de la 2ème région militaire d’Algérie), ce sont les forts Saint-André et Saint-Philippe, entre le ravin de Ras el Aïn et la route de Tlemcen.

Fort St-Philippe (source : plan du site Oran des années 50 modifié)
Camps St-Philippe et St-André (source : Laurent Prieto chez JC Pillon)

« Ces deux fortifications sont voisines et sont situées sur la rive droite de Ras el Aïn. Elles constituaient une barrière qui partait du quartier Derb au lieu-dit « Tir au pistolet. »

Drôle de dénomination pour un lieu dont personne ne semble connaître l’origine et qui a des allures de no man’s land. On en trouve quelques photos sur la page de villedoran.com. Ce n’était pas très loin du quartier de mon père (Choupot) et dans un mail du 3 septembre 2010, il me fournit quelques précisions :

« Le Tir au Pistolet était la zone  non construite  à la limite de St-Antoine située au grand carrefour des Avenue d’Oujda, Avenue Jules Ferry, Avenue Colonel Ben Daoud. C’est presque en face, au Fort St-Philippe, que j’allais pour ma préparation militaire PME et PMS. »

J’avais bien le souvenir en effet que le fort St-Philippe était le lieu de Préparations Militaires et je me rappelais ce fameux « Tir au pistolet » parce que je le croyais justement lié aux Préparations Militaires.

De ce « Tir au pistolet » partait aussi tout un réseau de galeries souterraines très mystérieuses puisqu’elles n’étaient pas liées aux galeries de défenses espagnoles.

Quand on lit l’article de L. Jacquot dans la revue de Société Préhistorique Française en 1914, on prend conscience que les galeries espagnoles n’étaient peut-être rien à côté de ce qui se faisait avant leur arrivée, durant la préhistoire.

On comprend aussi qu’Oran est une ville qui a passé beaucoup de temps à se défendre.

Et qu’elle n’a pas fini de livrer ses mystères…

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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