Pierre Nora en académicien (crédit photo : Daniel Waks)

Pierre Nora est le grand manitou de l’Histoire en France.

Il a écrit une somme imposante qui fait peur à tout le monde et cloue le bec aux petits rigolos comme moi : « Les lieux de mémoire »

Ça fait sept tomes et c’est de plus en plus gros à chaque fois.

J’ai ça dans mon salon mais je l’ai récupéré.

Ça parle de la France et de ses marqueurs. C’est trop intelligent pour moi. Heureusement, il y a de belles illustrations. Donc je regarde les images.

Il semblerait que ce soit paru entre 1986 pour les premiers tomes et 1992 pour les derniers. Je devrais aller vérifier mais j’ai la flemme.

C’est l’œuvre d’un homme en pleine possession de ses moyens, comme on dit, l’œuvre d’un homme mûr. Il a entre 50 et 60 ans. Il a conscience qu’il vient de construire son Grand Œuvre. Je crois qu’il voulait faire autre chose plus jeune, et puis qu’il s’est rabattu sur l’Histoire. Mais je ne suis pas très sûr.

En tout cas, il a réussi son coup. Il restera dans les mémoires. Peut-être même ses amis rajouteront-il un dernier article dans « Les lieux de mémoires » quand il disparaîtra.

 

Pierre Nora se perd devant la Banque d’Algérie

Pierre Nora n’est pas passé par L’Ecole Normale Supérieure, ça aurait été trop beau, il est passé par le Lycée Lamoricière d’Oran.

Le Lycée Pasteur, ex. Lamoricière (source : jh-dhonneur.fr)

La honte absolue. Le gros bizutage de fin d’année. Ses potes en rigolent encore.

C’était en 1960, il était prof d’histoire et enseignait les subtilités de la Nation Française à des ignares qui vouaient leur culte à la plage des Andalouses. Il a raconté tout ça dans un livre extraordinaire qui s’intitule tout simplement « Les Français d’Algérie. » (voir la dernière version du livre, sortie le 15 novembre 2012, précédée d’une préface de Pierre Nora, et suivie d’un document de Jacques Derrida )

Tout de suite ça calme. On sent qu’il a fait le tour de la question. Il attend de recevoir son billet retour pour Orly.

Je cite un passage histoire de ne laisser personne sur sa faim puis j’irai me coucher :

« Tous les Français d’Algérie sont comme Cagayous, humiliés et méprisants. Le coup de gueule collectif et permanent, les cris, les pleurs, le bluff et la déroute soudaine, la susceptibilité à fleur de peau, toute cette détresse psychologique n’a rien de joyeusement méditerranéen ; de ces privilèges accumulés ne se dégage qu’un malheur de vivre. 

La France algérienne est malade, elle sent le pourri, pourquoi ? »

Bon, ça ira pour aujourd’hui.

A petite dose, ce genre de mépris.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)

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Les Français d’Algérie : Nouvelle édition précédée d’une préface de l’auteur et suivie d’un document inédit de Jacques Derrida
 
L’émission Répliques du 16 février 2013 avec Pierre Nora et Benjamin Stora à propos de la réédition du livre « Les Français d’Algérie » de Pierre Nora. On y apprend (enfin!) l’origine du mot pieds-noirs découverte récemment par Guy Pervillé – un historien que je conseille vraiment et qu’il faut mettre dans sa bibliothèque – qui a par ailleurs écrit un ouvrage remarquable sur la présence française en Algérie : La France en Algérie 1830-1954

NB : Ensuite, pour vous détendre un peu, je vous conseille d’aller faire un tour du côté de Camus.

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