Grotte de l’Aïdour (source : site de JC Pillon)

Je m’étais mis en tête d’en savoir plus sur l’Aïdour préhistorique.

Et puis je suis tombé sur une légende.

A partir de là c’était fini, je ne pouvais plus m’intéresser aux grottes préhistoriques…

Je suis redevenu enfant depuis longtemps, les histoires me paraissent plus réelles que les ressources scientifiques.

Elles touchent directement la profondeur, qui sinon, dormirait encore. J’ai beaucoup fait de sciences. Aujourd’hui, je rééquilibre.

Le vieux conte du Génie de l’Aïdour.

Il y avait vraiment, entre Oran et Mers el-Kebir, un lieu magique qui rassemblait à la fois les Bains de la Reine, La Grotte de l’Aïdour et le village de Sainte-Clotilde.

Plusieurs pages du site de JC Pillon y sont consacrées, et la photo ci-dessous en est extraite.

Source du document : le site JC Pillon

Je ne vais pas piller Pillon pour le recopier ici -ça n’aurait pas grand sens- je vais me contenter d’inscrire dans son contexte la découverte du conte, début XIX° siècle.

La grotte, à sa découverte en 1911, s’appelle d’abord Grotte de Ste Clotilde, appellation provenant de sa situation puisque l’entrée est à quelques mètres de la route conduisant au village du même nom. Le 30 janvier 1912, le conseil municipal d’Oran adopte un vœu de la Société de Géographie et d’Archéologie de la Province d’Oran, et sollicite la remise de la grotte à la commune en lui donnant le nom de « Grotte de l’Aïdour ».

C’est en souvenir d’un vieux comte arabe, « Le génie de l’Aïdour », trouvé à Tlemcen et traduit par Henri de Sarrauton, que la grotte doit son appellation nouvelle. Ce conte aurait été écrit vers 1805 ou 1810. Le manuscrit ne portant ni date ni nom d’auteur, a été trouvé pendant la campagne qu’a faite le général Lyautey, chez les Béni-Snassen.

Un légionnaire découvrit dans les ruines d’un gourbi une petite caisse de bois peinte. Croyant y trouver un trésor, il la défonça : elle ne contenait que de vieux papiers couverts d’écriture arabe, quelques actes de cadi sans intérêt, et le manuscrit du Génie de l’Aïdour.

Pour davantage de détails sur la Grotte de l’Aïdour, voir la page de JC Pillon.

Alors à quoi ressemble ce conte ?

Faisons simple, Internet n’aime pas les longueurs ni les gros paragraphes. Il est toujours plus compliqué de lire sur un écran que sur un livre.

Je m’inspirerai de la traduction de Henri de Sarrauton.

 

* * *

 

Le Bey Mohammed el-Kébir se promenait un soir en compagnie de son eunuque el-Barka sur les terrasses dominant les jardins du Bordj-el-Kébir, lorsqu’il aperçut depuis l’angle du bastion qui surplombe l’oued Raz-el-Aïn, un homme dans une caverne du ravin.

Le Bey s’étant fait amener l’inconnu sut bientôt qu’il s’agissait d’un juif armé d’une pioche qui, à la lueur d’une lanterne, fouillait et déblayait le fond de la caverne.

Suite aux menaces habituelles à l’époque, le malheureux finit par raconter que son père, qui vivait là du temps de la domination espagnole, l’avait rendu maître d’un secret que seuls les rois d’Espagne possèdent et que le gouverneur d’Oran avait en charge.

Il existe, dans un souterrain qui passe sous le ravin Raz-el-Aïn, une statue enchantée représentant le prophète Aïssa encore enfant, porté dans les bras de sa mère Meriem. Si l’on prononce certaines paroles magiques, devant la statue, le Génie d’Oran doit livrer les trésors entassés dans les immenses cavernes de la Montagne de l’Aïdour. Les paroles sont inscrites en latin sur le piédestal.

Ce récit avait vivement intéressé la noble assemblée et tout particulièrement le célèbre cavalier Abdallah ben Mansour. Celui-ci fit part au Bey de son désir de visiter les souterrains reliant entre eux les cinq forts d’Oran. Il ajouta en riant qu’il amènerait de gré ou de force le Génie de l’Aïdour à la Cour, et remettrait alors entre les mains de Son Altesse, les trésors entassés dans la retraite mystérieuse.

Le lendemain, Abdallah ben Mansour, un fanal à la main, entra dans le souterrain par la porte du Bordj-el-Nadour, laissant des sentinelles à l’entrée afin que personne ne pût le suivre.

S’enfonçant vers l’Ouest dans un long couloir, Abdallah se retrouva bientôt face à la statue de marbre blanc ; mais aucune inscription magique n’était gravée sur le piédestal. Il conserva son courage, et prononçant Bismillah, s’enfonça dans le souterrain. Après une longue marche, il se trouva dans une immense caverne baignée d’une lumière douce et bleue. Au fond, assis à la manière orientale, il aperçut le Génie de l’Aïdour, gigantesque.

Saisi de crainte et de respect, Abdallah ben Mansour se prosterna devant le Génie, tandis que celui-ci glissait un anneau d’or au doigt de sa main gauche. Désormais, le cavalier possédait le pouvoir de se placer, par sa seule volonté, au rang et dans la situation qu’il lui plairait de choisir.

Toutefois, fit remarquer le Génie, un seul souhait t’est permis. Aussitôt que tu l’auras formulé et que tu auras choisi la vie que tu veux vivre, l’anneau s’échappera de ta main, et tu ne devras plus compter que sur tes propres forces pour te soutenir et te diriger.

Abdallah ne savait pas quelle vie choisir. Il fut aidé par le Génie qui l’endormit à cinq reprises. A peine endormi, des enchantements réveillaient Abdallah, pour lui présenter des tableaux de vie.

Ou bien l’indépendance sauvage de l’enfant du désert,
Ou bien le pouvoir illimité du sultan,
Ou bien la vie molle et voluptueuse d’un riche habitant de Stamboul, de Bagdad ou de Damas,
Ou bien la vie studieuse du savant,
Ou, pour finir, la vie modeste et le bonheur serein de Yamina, fille d’un voisin.

Ici se termine le manuscrit arabe, écrit le traducteur ; la suite est égarée et chaque lecteur supposera la conclusion qu’il lui plaira de ce récit extraordinaire.

 

Conte arabe écrit vers 1805 ou 1810 et inspiré de la traduction de Henri de Sarrauton.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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