Il y a beaucoup d’informations sur le quartier juif d’Oran.
Trop. On ne sait plus où donner de la tête.
Mais curieusement, c’est toujours la même photo qui revient, celle que j’ai mise à gauche.
Voilà un paradoxe que je ne m’explique pas.
Quand je dis trop, c’est trop d’informations pour faire une chronique de 500 mots, bien sûr, parce qu’on n’a jamais assez d’informations. Mais enfin, je suis un peu déboussolé.
D’habitude, je cherche ; là, je dois élaguer.
Je vais malgré tout fournir quelques informations ; je reviendrai ensuite sur la photo.
« Le quartier juif s’étendait entre le Boulevard Joffre et la Rue des Jardins. Lors de la reprise de la ville aux Espagnols, Mohammed el-Kebir décida de repeupler Oran et fit appel aux juifs des villes de Nedroma, Mostaganem, Tlemcen et Mascara.
Trois rues principales étaient parcourues :
– la rue d’Austerlitz (appelée la rue des Juifs)
– la rue de Wagram
– la rue de la Révolution où se trouvaient un temple protestant, et à son extrémité, la place Ben Daoud avec l’église St-André.
La grande synagogue était le centre de vie du quartier juif. Elle était considérée comme la plus belle du monde avec celle de Turin.«
Je tire ces quelques informations du film que Pierre Machot a tourné à Oran, et que Toufik m’a offert à Paris, fin juin, de la part de l’Association Bel Horizon. J’ai déjà eu l’occasion d’en parler.
Il est découpé par quartiers, on s’y retrouve facilement.
Mais il y a une phrase que j’ai omise et que je vais maintenant écrire : « La rue d’Austerlitz était la plus curieuse à parcourir. C’est là que se tenait le marché. »
Donc nous y voilà : la rue d’Austerlitz est curieuse.
Elle détonne dans le paysage urbain d’Oran.
On le voit peut-être mieux sur le film que sur la photo ; c’est une rue étroite. Le marché se tient de chaque côté. On peut à peine marcher. Je crois que c’est l’idée que cherche à faire passer cette photo que tous les sites se repassent allègrement.
Probablement parce que sur le film de 2005, il n’y a plus grand monde.
La communauté juive a disparu, une fois de plus. Elle s’est dispersée pour une bonne part en France, et pour une part non négligeable, en Israël.
Je dis « une fois de plus » parce que si on s’intéresse un tant soit peu à l’histoire des juifs d’Oran, on prend conscience de l’instabilité de la communauté dans la région. C’est un perpétuel balancement des marées, un destin de peuple en diaspora, qui migre au gré des conquêtes du voisinage.
Ce qui fascine peut-être le plus dans la photo, c’est justement de les voir attachés à une rue.
Entre le Boulevard Joffre et la Rue des Jardins. C’était le lieu d’une communauté comme la Marine était un faubourg d’Alicante.
On se dit, tiens, ils étaient là ? Rue d’Austerlitz ? Ils sont arrivés quand ?
Un peu comme les caracoles andalous, mais en plus anciens.
Il y avait beaucoup de monde dans la vieille ville, quand on y pense. Une vie foisonnante.
Aujourd’hui, les murs sont jaunes et délabrés.
C’est une rue très curieuse, en effet.
Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)
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NB : Je découvre les photos du Quartier Juif prises en 2005 par Edgard Attias – Pour les murs délabrés, voir les très belles photos actuelles du Derb de Ram Zy. Et depuis, j’ai aussi découvert certains de mes ancêtres…