Il me plait de revenir de temps en temps vers Edgard Attias.
Pendant quelques instants, c’est le royaume des petites choses et des anecdotes.
p139 de son livre « Oran de tous les jours 1830-1962″ , Edgard Attias raconte rapidement le 26 décembre 1951, date à laquelle la rue du Général Leclerc (que tout le monde appelle rue d’Arzew) se prépare pour les fêtes et vante ses magasins « Faites vos achats dans les meilleures maisons de la rue Gal Leclerc. »
Et en pleine page du journal, dixit Edgard Attias, figure le plan de la rue d’Arzew avec le détail de tous les magasins l’occupant :
côté pair | côté impair |
N°2 : Janner fils, Joaillier, Horlogerie de luxe | N°1 : Bata Chaussures, Qualité, Prix |
N°10 : des choses de luxe pour « Elle et Lui » | N°5 : Galeries de France |
N°14 : Vêtements Sélection | N°9 : Sanz Couture ; Manon, La belle Lingerie |
N°14 : Colombier-Duplan, Optique-Photo Ciné | N°11 : Au Grand Chic, chemiserie de luxe |
N°16 : Au bonheur des Dames, Confection, Couture-Tissus | N°13 : Ciné-Radio, Radio, disques, appareils ménagers |
N°20 : Martinez Tapis ; Cadeau Coronet, Cadeau qui plaît | N°15 : Coriat, l’Art de la table |
N°26 : La Pompadour, Confiserie, chocolats fins, Marrons glacés | N°17 : Parisiana Nouveautés Confection |
N°28 : Sté Apinco, Le véritable Frigidaire | |
N°40 : Radiola, Etablissements Henri Zabalète | |
n°42 : Laura, Nouveautés, Spécialités du prêt-à-porter | |
N°46 : « Z » Tapis, Maroquinerie, Voyages | |
N°48 : Josy, Chemiserie, lingerie ; Fourrures Sydney |
Alors il n’est pas évident de trouver des renseignements sur chacun d’eux, mais on rencontre toujours des éléments périphériques intéressants.
→ Par exemple, si on cherche « Colombier-Duplan » à Oran, on ne tombe pas vraiment sur Optique-Photo Ciné au 14 rue d’Arzew mais sur Mademoiselle Colombier-Duplan qui crie haut et fort « Vive la Liberté ! » le 5 février 1950 à côté de son avion. (en fait, c’est peut-être quelqu’un d’autre qui écrit)
→ Pour « Au Bonheur des Dames » au 16, rue d’Arzew, on a en exclusivité pour Oran les meilleurs vœux pour la nouvelle année.
→ Si on tape « Elle et Lui + Oran » dans Google Images, étrangement, on tombe sur Nicole Garcia et le film qu’elle a sorti il y a deux ans : Un balcon sur la mer. Je l’ai un peu évoqué dans cet article il y a longtemps, parce que j’aime beaucoup Nicole Garcia qui est d’Oran.
→ Les Galeries de France, c’est assez simple, il y a une page avec plusieurs photos qui lui sont consacrées.
→ Et quand on cherche les frigidaires Apinco, on tombe sur Jacques Chay, qui recherche activement des « anciens de APINCO (frigidaire) Rampe Vales à Oran. » J’espère que ces quelques lignes lui permettront de retrouver des amis.
Roger Alfonsi offre la rue d’Arzew à Colette
En fait, comme toujours, JC Pillon est au top à ce petit jeu, puisque la rue d’Arzew y est parfaitement détaillée sur cette page. C’est « Un cadeau personnel de Roger Alfonsi pour Colette, membre éminent du Club des Visiteurs Oranais (VO) ».
JC Pillon est le roi du détail, du très précis, de la rigueur absolue. On sent qu’on peut lui faire confiance les yeux fermés.
Mais ce n’est pas le roi de l’anecdote.
Parce que le roi de l’anecdote (après Edgard Attias) c’est donc Roger Alfonsi, à qui JC Pillon a carrément dédié une page entière. Pour celui qui a envie de replonger en enfance (ou de découvrir Oran, comme moi) c’est une mine d’or. Il y a tout ce qu’il faut.
Mais je crois qu’Edgard Attias a malgré tout un petit œil très spécial et bien à lui, inégalable. Note de bas de page 139 :
Anecdote [reliée au N°40 de la Rue d’Arzew, Radiola, Etablissements Henri Zabalète] : Un jeune homme, 14 ans, se présente et explique au patron qu’il meurt d’envie d’acheter un poste de radio-tourne-disque, qu’il n’a qu’une partie du prix qu’il a économisé sur son argent de poche et qu’il promet de payer le reste en deux mensualités. Le vendeur accepte, sur sa bonne mine et sans rien demander.
Une autre époque…
Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)