La vierge dorée veillant sur Lyon (source : Daniel 18 sur fond-ecran-image.com)

Régulièrement, Lyon vient me faire signe.

Je m’explique assez mal cette relation entre Oran et Lyon, mais elle existe, et le passage par Edouard Herriot ne suffit pas à rendre les choses plus claires.

Je m’étais déjà surpris à découvrir que Valérie Martinez avait grandi dans le quartier de La Duchère, je découvre il y a peu que la grande Vierge qui regarde Oran depuis le Murdjajo a été coulée dans le même moule que celui de la Vierge dorée de Fourvière.

Peut-être les villes mariales sont-elles liées entre elles d’une manière ou d’une autre.

Je crois que c’est Edgard Attias qui m’a mis sur la piste dans un commentaire au bas de l’article sur Edouard Herriot :

« En 1870 Mgr Callot, premier évêque d’Oran, conçut le projet de remplacer le petit campanile qui surmontait le sanctuaire par une tour évoquant celle de Fourvière, si chère à son cœur de Lyonnais. Grâce à une souscription, trois ans plus tard, le 6 décembre 1873, s’élevait une tour, surmontée d’une vierge de métal coulée dans le même moule que celle dominant le confluent de la Saône et du Rhône. » (le texte du commentaire est tiré de son livre « Récits autour d’Oran »)

J’étais très surpris – et légèrement déstabilisé – de devoir considérer la grande Vierge du Murdjajo comme une copie de celle de Lyon.

Pour moi, cette Vierge à la tête légèrement penchée et aux bras grands ouverts regardait depuis toujours vers le port d’Oran, et non vers le Rhône.

Un mois plus tard, j’ai fini par m’habituer à l’idée.

Et puis ça n’enlève rien à Oran, en fin de compte, c’est  même un lien supplémentaire entre deux villes liées depuis longtemps.

On trouve davantage d’informations sur Wikipedia, dans l’article consacré à la Chapelle Santa Cruz :

« La statue est installée sur la tour le 6 décembre 1873, et la cloche, posée 6 mois plus tard, a été fondue dans les ateliers Burdin de Lyon » installés à l’époque au 22 rue de Condé, réputés dans toute la France, en Algérie, et jusqu’au Canada.

Les Lyonnais ont même eu droit à un évènement exceptionnel : le 27 mai 2008, la Vierge dorée était retirée de son piédestal pour cause de restauration.

« Concrètement, la statue et son socle ont été régulièrement touchés par la foudre et l’escalier de la tour est fendu. La Vierge avait été déposée sur le parvis de la Basilique de Fourvière dans une grande verrière. » (source : le Portail Jeune de l’Église catholique à Lyon)

Et c’est ainsi que tout le monde a pu observer de près la statue sculptée par le Lyonnais Joseph-Hugues Fabisch (sculpteur de la Vierge de Lourdes) et installée sur les hauteurs de Lyon depuis plus de 160 ans.

 La Vierge dorée de Fourvière à Lyon – 2008
source : Blog “le Garde-mots
source : site “les pérégrinations de Titi
source : le site fr.academic.ru
source : Blog “le Garde-mots

On ne sait jamais très bien quoi penser d’une statue monumentale de 5.60m observée au microscope.

C’est un peu comme les tableaux de la Renaissance installés dans les églises, que les fidèles ne pouvaient regarder que de loin, et qui se retrouvent aujourd’hui à portée de main dans les musées.

On est soudain placé hors contexte.

On ne regarde plus les œuvres depuis le lieu où elles doivent être vues, on les regarde depuis la main de l’artiste, depuis le travail de l’Homme, depuis la matière. On est fixé sur les étoiles de la couronne, les rayures de la robe, la courbe des sourcils.

On apprend le Mystère de l’Incarnation et on veille sur lui.

Interprétation toute personnelle du discours du Cardinal Barbarin, le 27 mai 2008, jour de la dépose de la Vierge sur le parvis de la Basilique de Fourvière : « Pendant 150 ans, elle a veillé sur nous mais pendant 6 mois, c’est à nous de veiller sur elle ».

De l’autre côté de la Méditerranée par contre, il n’y a plus grand monde pour veiller sur la grande Vierge de Santa-Cruz, « rongée par l’air marin ». C’est le Collectif Sauvegarde des Cimetières d’Oranie qui en fait la remarque le 8 mai 2009. « Elle aurait un grand besoin de réfection. »

Mais le vrai danger se trouve ailleurs, dans les fissures de l’escalier du clocher, et sur ce plan-là je crains le pire, même si je ne retrouve plus les informations lues il y a quelques mois sur le sujet.

Mais elles m’avaient laissé songeur.

Actuellement, des Italiens restaurent la mairie d’Oran qui menaçait de s’effondrer. De leur côté, des Espagnols restaurent les Galeries de France rue d’Arzew. Et chacun de glisser son petit drapeau national sur les échafaudages.

Mais de petit drapeau sur les lézardes de Santa-Cruz, point de trace.

La statue finira bien par s’effondrer un jour ou l’autre.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?).

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NB1 : Photos du clocher de Santa-Cruz à Oran, Abdelbaki Fellouah – Novembre 2006

NB2 : Des précisions trouvées sur le site de J.C. Pillon : Le 10 février 1873, Mgr Callot, premier Evêque d’Oran, bénissait la première pierre de la tour de Santa-Cruz. C’était au moment même où l’Eglise allait célébrer, à Lourdes, la miraculeuse apparition de Marie sur notre terre de France. [à Lourdes, première apparition à Bernadette Soubirous = 11 février 1858 ]

Mgr Callot avait apporté de Fourvière, à Lyon, quelques pierres taillées pour ce magnifique sanctuaire, pour qu’elles soient placées dans les premières assises du monument qu’il élevait à Marie Immaculée. Il avait acquis une colossale statue de Marie Immaculée, coulée en bronze, dans le moule de celle qui couronne l’antique chapelle de Fourvière, à Lyon. Avant de venir en Afrique, la statue avait reçu, à l’Exposition Romaine de 1870, la bénédiction du Pape Pie IX.

Dans les premiers jours de décembre 1873, la statue de l’Immaculée quitta le Séminaire. Malgré son poids énorme, dépassant 5 000 kg, elle fut érigée rapidement. Le 6 décembre, elle dominait le grandiose horizon qui se déroulait à ses pieds.

On put, le surlendemain, 8 décembre 1873, illuminer son image bénie, et, pour la première fois, voir à Oran, un reflet, bien modeste et bien pâle, des splendeurs que Lyon prodigue, depuis tant d’années, à sa puissante protectrice. [8 décembre 1852 = premières illuminations à Fourvière, à Lyon, mais c’est le 8 décembre 1854 qu’elles ont coïncidé avec la proclamation par le Pape Pie IX , dans la Bulle « Ineffabilis Deus », du dogme de l’Immaculée Conception.]

Commencée vers 5 h du soir, cette illumination dura longtemps dans la nuit. Ce fut une véritable surprise, pour la population d’Oran, de voir s’embraser ainsi, la chapelle de Santa-Cruz. Plusieurs bâtiments ancrés dans le port d’Oran, entre autres, le paquebot « L’Oncle Joseph », capitaine Servia, de la Compagnie Valéry, répondaient aux illuminations de la montagne, par de jolis feux de Bengale dont ils étaient couverts. Mgr Mathieu (« L’Echo du Sacré-Cœur d’Oran », n°8, décembre 1913) – Article publié dans « Amitié » n°8, juin 2005 – Les commentaires entre crochet sont des ajouts de Nicole Marquet.

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