Dos de carte postale : « Ce dessin est de la main du Docteur Thomas Ghast«

Au royaume des petites choses, il y a les cartes postales.

Quel bonheur d’écrire un article comme celui-ci.

Pas besoin de marcher sur des œufs, il me suffit d’écrire « j’aime beaucoup ça. »

Et de passer en revue quelques cartes postales que j’apprécie plus particulièrement.

Certains lecteurs savent ce que j’aime dans les cartes postales : les traces écrites.

S’il y a une trace écrite, la photo passe immédiatement à la trappe, et je file sur le texte.

Dans la carte postale en haut à gauche mise en partage par Al Gérianie vers 16h, on trouve tout ce que je peux espérer : un dessin d’Oran, une longue trace écrite en anglais, et à droite, une seconde personne qui intervient en français.

C’est un véritable petit chef-d’œuvre. On peut passer une heure à le regarder sous toutes les coutures.

Mon paradis personnel.

Après, en deçà du chef-d’œuvre absolu que je viens de décrire, il y a les cartes postales dont l’écriture accompagne la photo. La plupart du temps, il n’y a aucun rapport entre les deux. Le plus bel exemple rencontré à ce jour est celui des Bains de la Reine :

« Présente mes amitiés à […] l’ami Louis quoique je lui tienne rancune d’être parti sans me dire même un petit bonsoir et pour toi, Chère Grande (?), les plus affectueux baisers de ta cousine Anaïs et de ton cousin. Gustave. »

Tout ça écrit dans le ciel de Mers el Kébir, autour du 104. Oran et presque en illustration des Bains de la Reine.

Je suis persuadé que la grande majorité de ceux qui tombent sur cette carte regardent distraitement l’établissement thermal avant de se jeter sans la moindre retenue sur l’intimité de Gustave.

Ou alors j’ai un problème. C’est aussi une possibilité.

Malheureusement, la plupart du temps, je dois me rabattre sur des images sans texte.

Après en avoir traversé des centaines, je suis comme tout le petit monde des amoureux de cartes postales sur Facebook, j’admire celles du début du siècle.

Le but n’est pas ici de faire un inventaire des plus belles – il faudrait que je recrée Facebook – le but est d’en extraire l’essence, la substantifique moelle.

Un lieu parmi tous les autres sort du lot (à mon goût, bien sûr) : le Belvédère.

Quel que soit l’angle choisi, on obtient toujours quelque chose d’étonnant.

Il faut dire aussi qu’il n’y aucun problème de droit d’image. Je soupçonne même qu’à l’époque, c’est un honneur de pouvoir poser pour une carte postale envoyée en France.

Toutes les cartes postales ne sont pas aussi vivantes, beaucoup se contentent de photographier une rue, un quartier, une construction. Mais bien souvent, les personnes présentes regardent l’objectif.

La photo la plus étonnante, de ce point de vue, reste à mon sens la Rue des Juifs.

C’est surréaliste.

On dirait que tout le monde s’est arrêté de faire son marché un instant, le temps de prendre la pose.

J’avais mis d’autres cartes postales de côté, mais je vais cesser le passage en revue.

Il faut savoir s’arrêter avant de lasser tout le monde.

Je glisserai juste la carte postale la plus importante de toutes, celle que mon père m’a envoyée d’Oran début mai 2010, et que j’ai reçue le 17 mai.

Tout est parti de là.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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