Armoiries d’Oran avant 1962

Je suis toujours surpris de voir que je ne traite pas des choses les plus évidentes.

J’ai à peine effleuré les armoiries d’Oran sans jamais les regarder.

Je mets celles d’après 62 aussi, et l’interprétation fournie par le guide Bel Horizon plus bas.

Ci-dessus, les armoiries d’Oran pendant la période française.

C’est expliqué un peu partout, mais Salinas est comme toujours d’une grande lucidité.

« Les armoiries d’Oran intégraient dans une même symbolique les références culturelles et historiques de chacune des communautés. Réalisées en 1936 sous la municipalité de l’abbé Lambert d’après une peinture ornant à la mairie le plafond de la grande salle du Conseil municipal, elles associaient trois civilisations, trois mémoires collectives, trois moments de l’existence de la cité. »

Armoiries d’Oran après 1962

C’est très regrettable. Je n’ai pas trouvé de photos du plafond de la salle du Conseil municipal d’Oran.

Parce que pour les armoiries, je crois que tout le monde y va de son couplet pour en faire des tonnes.

Je continue Alfred Salinas.

  1. « Santiago ! Jimenez ! » : deux tourelles dorées et deux lions d’un rouge étincelant évoquaient l’Espagne des Rois Catholiques (en bas à droite)
  2. « Allahou Akbar ! » : une étoile et un croissant sur fond vert rappelaient la présence de l’Islam.
  3. « Montjoie ! Saint-Denis ! » : des fleurs de lys et un coq gaulois marquaient le lien entre Oran et l’histoire de France.
  4. Dans l’un des quartiers de ces armoiries, figurait un voilier sur une mer azurée, symbole de la vocation maritime de la ville. Oran communiquait avec le monde grâce à son port.

Mais contrairement à tous les sites, Salinas se pose la question des juifs.

Evidemment puisque ces armoiries joliment œcuméniques laissent quand même sur le carreau tous ceux qui se trouvent entre le Boulevard Joffre et la rue des Jardins.

Quelques lignes suffisent.

« Le doute pouvait toutefois subsister sur le caractère unanimiste des armoiries. La communauté juive n’y était pas représentée. Absence fortuite ou oubli volontaire ? Les juifs constituaient pourtant une forte minorité au sein de la population oranaise. Leur apport sur le plan culturel et économique au développement de la ville fut indéniable.

Le fait de ne pas les inclure dans ce jeu de la mémoire historique pourrait être interprété comme un choix idéologique, à moins qu’on eut tout simplement tenu compte que jamais ils n’avaient tenu ou exercé, contrairement aux trois autres communautés, de pouvoir politiques ou administratifs sur Oran.

Formant l’une des composantes de la clientèle du député-maire Henri Fouques-Duparc, ils agréèrent toutefois le dessin des armoiries que celui-ci fit voter en Conseil municipal le 6 mai 1960 dans une forme légèrement retouchée par rapport à celle de 1936, mais qui ne modifiait guère son esprit. Un consensus général ratifia donc le passé tricéphale de la ville. »

Ce que j’aime chez Salinas, c’est sa capacité à synthétiser en quelques phrases l’essentiel de ce qu’il y a à dire sur un sujet.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)

*

NB : les armoiries de 1967 d’après le guide Bel Horizon des monuments historiques et sites naturels

Deux lions rampants la queue léopardée
Un lion sous forme de rocher rappelant la montagne du Murdjajo
La mer est figurée par le navire
La couronne renvoie à la ville fortifiée
Le rameau d’olivier aux sept olives : gloire et opulence
Avec une devise en langue arabe (dorée sur un ruban rouge) réfutant l’oppression et rappelant l’hospitalité légendaire d’Oran : « Mon peuple ne connaîtra point l’oppression. Mon hôte ne vivra point l’exaction »

 



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