Waadi de Sidi el Hasni 2010

Les articles naissent, grandissent et prennent soudain des voies que je ne leur soupçonnais pas.

Ils s’émancipent.

Celui-ci devait évoquer le récent classement du quartier de Sidi El Houari comme « secteur sauvegardé » .

La direction de la culture a indiqué récemment que les ouvrages abandonnés du Saint Patron bénéficieraient d’un «plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur». Il semblerait qu’une importante enveloppe financière lui soit consacrée. On verra bien.

Alors c’est toujours pareil, tout commence par un document qui parait sur le Forum Culturel Oranais où Kamel et Moussa abattent un boulot fantastique.

Il y a des mises à jour toutes les deux minutes. S’il pleut dehors, on peut passer sa journée à boire du thé ou du café devant son écran d’ordinateur. Les photos en ligne se succèdent à une allure incroyable. On apprend plein de choses.

Là, je suis allé voir dans la section « fichiers » que je n’avais jamais consultée. Et au milieu des nombreux documents proposés, je trouve un article tout simple sur la réhabilitation de Sidi El Houari qui est, en fait, la reprise d’un article du Matin DZ. Je le lis tranquillement sans penser en faire quoi que ce soit et je tombe sur le terme Waada. Je ne connais pas.

Je pars à la recherche de cette Waada de Sidi El Houari.

Je ne trouve pas vraiment d’informations, mais par contre, je tombe sur la Waada d’Aïn Témouchent qui a l’air extrêmement connue et je découvre une vidéo qui semble avoir un certain succès puisqu’elle est vue par plus de 20 000 personnes sur Youtube.

Donc c’est ça, une Waada.

Il y a des explications plus détaillées qui éclaircissent les idées des gens comme moi.

« Il existe trois genres de waâda dans la wilaya d’Ain Temouchent :

  1. la waâda bédouine qui se distingue par l’installation de tentes, les courses de chevaux et les danses alaouites
  2. la waâda des touats caractérisées par des danses collectives ponctuées de salves de baroud
  3. la wâda de Sidi Billel caractérisée par une tournée d’un taureau au centre-ville avant de l’immoler pour en faire un repas pour les participants.« 

« Quelles que soient les formes festives prises par les différentes waâda, celles-ci expriment l’attachement à des valeurs sociales authentiques comme la solidarité, la tolérance, la réconciliation entre les adversaires et constituent des occasions pour nouer des alliances matrimoniales, en plus de constituer des espaces commerciaux et touristiques pour faire connaître les produits patrimoniaux de la région et attirer les touristes.« 

Sabraoui Djelloul est un universitaire qui a le mérite d’être clair et pédagogique. On comprend très bien de quoi il s’agit.

Je remonte un peu plus haut dans l’article et je commence à saisir :

« Les waâdas sont généralement liées à un marabout ou à une personnalité influente de la région, consultée pour la résolution des problèmes, litiges et conflits.« 

Waada de Sidi el Hasni 2008

D’accord. Donc, à Oran, c’est une fête en l’honneur du Saint Patron de la ville Sidi El Houari.

On y prépare la Karantica oranaise.

« Du point de vue patrimoine immatériel, haï Sidi El Houari a sa traditionnelle waada célébrée chaque année et son plat populaire, la Karantika, préparée autrefois par des prisonniers laissés par les navires espagnols au large du littoral oranais avec des sacs de pois chiches.« 

Je crois qu’on ne peut pas faire plus typique d’oran. Toutes les cultures l’ont remaniée à leur sauce :

« La calentica, en arabe كرنتيكا, est un plat algérien à base de farine de pois chiches, ayant l’aspect d’un flan qui se consomme chaud de préférence, et fréquemment vendue par des marchands ambulants dans les grandes villes d’Algérie. Par vocation, il s’agit donc un plat simple et bon marché.

Souvent, la Calentica est accompagnée par une sauce rouge faite d’eau, de tomate concentrée et de harissa.

À l’époque « pieds-noirs », la calentica se consommait surtout en sandwichs, avec sel, poivre et surtout le cumin qui fait particulièrement ressortir le goût de la farine de pois chiches et qui se marie bien avec lui. La calentica est d’origine oranaise espagnole.

Le mot provient de l’espagnol calentito (qui signifie tout chaud). La variante oranaise calentica intègre le diminutif ico, ica, courant à Murcie et en Aragon2. Cette variante est si intégrée dans l’arabe parlé en Oranie que le mot n’y est plus considéré comme espagnol3.

On peut recenser beaucoup d’appellations proches comme calentita ou galentita. On trouve également les termes karane, karantika, kalentika, grantéta, karantita, garantita ou garentéta. » (Wikipedia)

Mon grand-père qui était oranais jusqu’en 1962 et qui arrivait de l’espagne catalane m’en a préparé une fois quand j’étais enfant.

Je comprends que ce soit la nourriture des « prisonniers laissés par les navires espagnols au large du littoral oranais » . On a du mal à l’avaler…

Ma mère aurait appelé ça un « étouffe-chrétien » .

C’est vraiment multiculturel 😉

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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