La place Kargentah en 1900

La place Kargentah est l’une des premières places intégrée avec succès dans ma carte mentale d’Oran.

J’ai pas mal parcouru la ville sur les plans et depuis Google Earth, sans arriver à me fixer des repères, jusqu’à ce que je finisse par tomber sur la place Kargentah.

J’avais des repères dans la vieille ville, et un peu vers la Place d’Armes, mais plus loin, c’était fini.

Plus je cheminais vers l’Est de la ville, plus je me perdais. Je me perds d’ailleurs toujours aujourd’hui.

Tant que je ne serai pas allé sur place, de toute façon, tout ça continuera à flotter dans ma tête sans arriver à se fixer.

Je vivrai dans une espèce d’Oran, qui n’est ni du passé ni du présent, mais seulement une reconstruction mentale abracadabrante et monstrueuse.

Ce n’est pas mon désir. A la longue, ça tourne à vide. Je le sens bien.

Si j’ai réussi à ancrer la place Kargentah dans ma mémoire, c’est parce qu’il lui est arrivé quelque chose dans le temps, et que j’ai pu raccrocher le présent au passé à travers un semblant d’histoire, d’anecdote, d’événement minuscule : la disparition du marché.

La Maison du Colon et la Place Kargentah avant 1962 – Noter le marché couvert à gauche
En 1988, le marché de la place Kargentah est rasé. (Oran des années 50)
La place Kargentah après 1988 (Oran des années 50)

Je ne sais pas si la date de 1988 est la bonne, parce que je pensais que c’était plus tard, mais ce n’est pas impossible non plus.

Il faudra me renseigner sur ce point.

La place Kargentah comme emblème d’une certaine forme d’ancrage de la mémoire

J’ai réussi à ancrer Lamoricière et le boulevard Gallieni grâce à la carte postale de mon père, qui est un événement présent que je peux très précisément dater du 17 mai 2010 à 22h10, bien que la photo soit des années 50.

Pour moi, cette carte postale ne date pas du tout des années 50.

La carte postale que je reçois de mon père qui retourne à Oran pour la seconde fois en mai 2010. Elle déclenche mon désir d’en savoir davantage sur l’Algérie familiale à laquelle je ne me suis jamais intéressé jusque-là.

J’ai réussi à ancrer la vieille ville parce que beaucoup de personnes cherchent à la faire revivre sur Facebook.

Forcément, ça marque, et ça questionne.

Santa-Cruz est tellement vivant à Oran et à Nîmes que je ne pouvais pas faire autrement que de graver dans ma tête le Fort, la Basilique et la statue de la Vierge.

Mers el-Kebir a vraiment pris corps lorsque j’ai regardé de plus près le désastre du 3 juillet 1940.

Jusque-là, ce n’était qu’un joli nom.

Après, j’aurais pu faire comme pendant mes études et tout apprendre par coeur.

J’ai essayé. Sans succès. Il me faut un lien affectif ou intellectuel particulier avec le lieu. Sinon, je ne retiens pas.

Il est arrivé quelque chose d’étrange à la place Kargentah : il semblerait qu’une fuite de gaz -ou quelque chose dans le genre- ait provoqué une déflagration du marché.

Criminelle ? Pas criminelle ? Les théories s’affrontent, semble-t-il.

Il faudrait un jour faire l’histoire de la ville depuis l’angle de la promotion immobilière. On ne serait pas déçu.

Avant 62 comme après.

En attendant, j’ai bien compris que je devais aimer la ville si je voulais en retenir quelque chose.

Donc je l’aime.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

Articles recommandés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *