Madeleine Pagès

Ça a duré un an et ce fut intense.

Mais surtout virtuel.

« Fin 1914, Madeleine Pagès est professeur de lettres au lycée de jeunes filles d’Oran.

Son père, professeur de philosophie, est décédé, et elle vit avec sa mère et ses cinq jeunes frères.

Elle vient passer les vacances de Noël à Nice dans la famille de son frère ainé, sous-lieutenant d’artillerie.

Manuscrit de Madeleine Pagès – Récit de sa rencontre avec Apollinaire (Album Apollinaire – Collection Pléiade Gallimard)

Le 2 janvier 1915, elle prend le train à Nice pour rejoindre Marseille et s’embarquer le soir même sur le bateau qui la ramènera en Algérie.

Dans son compartiment monte alors Guillaume Apollinaire qui, au terme d’une courte permission, rejoint son 38e régiment d’artillerie de campagne à Nîmes. » (Wikipedia)

Il faut vraiment éviter les histoires d’amour virtuelles. Ce sont les pires.

Madeleine Pagès a peut-être été déçue

Quand Noël arrive, un an plus tard, et que la réalité tombe sur Apollinaire, il en perd sa joie de vivre et quitte Lamur quinze jours plus tard.

Le rêve est passé.

Il y a deux photos de bonne qualité prises à Oran entre le 26 décembre 1915 et le 10 janvier 1916.

Elles me laissent songeur. J’aimerais bien savoir laquelle a été prise avant l’autre.

Guillaume Apollinaire et Madeleine Pagès à Oran en décembre 1915

Les deux amants sont incapables de sourire en même temps.

Et celui qui ne sourit pas fait une sale tête.

C’est qu’ils venaient de passer un an à s’envoyer des lettres enflammées, pleines de fantasmes, des « poèmes secrets ».

Et que la réalité vient de les rattraper. 

Apparemment, les retrouvailles n’ont pas été à la hauteur de la passion épistolaire. Les retrouvailles ne sont jamais à la hauteur ; il n’y a pas de seconde chance.

Ils étaient virtuellement fiancés, ils devaient se marier. Il est reparti fiancé.

On ne sait rien des ces quinze jours.

Peu à peu, les lettres s’espacent. La dernière date du 23 novembre 1916 ; « Il est, dit-il, las et très différent de ce qu’il était. »

Mais rien ne se perd totalement puisque François Truffaut y fera référence dans son chef-d’œuvre Jules et Jim, sorti en 1962.

C’est Jim qui raconte. Ils sont assis dans l’herbe et se remémorent la guerre.

Ensuite, je laisse « Le tourbillon de la vie » de Jeanne Moreau, reflet d’Apollinaire et de Madeleine Pagès, début janvier 1916, sur le quai d’embarquement, à Oran.

« Chacun pour soi est reparti,
Dans le tourbillon de la vie. »

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?).

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