Oran – Marabout de Sidi-Brahim (source : chasseurs des Yvelines)

La Koubba d’Oran et le marabout d’Oran sont deux expressions identiques.

Quel beau titre, pourtant ! Mais c’est une erreur.

La Koubba est un monument élevé sur la tombe d’un personnage vénéré, lit-on sur Imago Mundi.

Et le marabout est le nom impropre donné à ce type de constructions par les Français de l’époque coloniale.

Mais ce titre qui se trouvait sur une page web est si agréable à l’oreille que j’ai décidé de le garder tel quel.

Alors c’est quoi cette koubba d’Oran ?

C’est la Koubba de Sidi-Brahim. Le 23 septembre 1845, le capitaine Dutertre est conduit devant la Koubba sur les ordres d’Abd-el-Kader qui lui promet la vie sauve s’il décide ses camarades à se rendre.

Peine perdue, ils ne se rendront pas. Abd-el-Kader et les siens gagnent la bataille. Le Capitaine Dutertre est décapité. Le 8e Bataillon de Chasseurs d’Orléans et du 2e Hussards sont héroïques. Tout le monde y trouve son compte.

Le souvenir de cette lutte est tel qu’en 1893, il est décidé d’ériger un monument sur la place d’armes d’Oran. On choisit le sculpteur Aimé-Jules Dalou, l’un des plus respectés de l’époque.

Le monument de Sidi Brahim au centre de la place d’armes d’Oran tel qu’il se présentait avant 1962

Mais le bonhomme n’est pas simple. Il réclame 35 000 francs pour son œuvre, « La Gloire » et « La France ». Actuellement, seule « La Gloire » reste au sommet du monument.

« La France » a été rapatriée et le portrait de l’Emir Abd-el-Kader a pris sa place au pied du monument. Tout un symbole.

Mais l’homme Dalou est artiste et connaît sa valeur : il ne commencera pas sans une avance substantielle. Le comité d’organisation s’énerve et fait preuve d’une certaine ironie :

« … sans mettre en doute la valeur de l’artiste, la « Gloire » et la « France » n’ont pas dû coûter de grands efforts d’imagination à un sculpteur d’aussi grand talent »

Résultat des courses, Dalou perçoit 10 000 francs et s’estime suffisamment rétribué pour entamer enfin son grand œuvre oranais.

La livraison arrive à bord du Stilbé le 3 août 1898 en provenance de Rouen. « On devine les bronzes à travers les deux énormes caisses à claire-voie ». Le 6 août, les deux statues arrivent Place d’Armes.

Le 18, « La Gloire » vole de ses propres ailes et quelques jours plus tard, « La France » s’apprête à écrire les noms de l’Histoire contre le piédestal.

Ce sera fait le 29 août et inauguré le 17 décembre.

Voilà comment la Koubba d’Oran devint célèbre et voilà comment le Saint Sidi-Brahim se retrouva porté aux nues non loin de son maître Sidi El-Houari.

Mais nous en reparlerons.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?).

*

NB : Depuis la rédaction de cet article, je suis allé à la rencontre de la statue basse de la place d’armes (« La France ») qui a été rapatriée à Périssac en 1963. J’en ai écrit un article dans lequel vous pourrez revoir le live vidéo de cet article.

NB2 : j’ai croisé pas mal de marabouts à droite et à gauche : le marabout de Sidi Bachir et le marabout de St-Remy pour ne prendre que les deux principaux sur lesquels j’ai fait des textes. Mais il y a aussi le marabout de Sidi Snoussi à Choupot et celui d’Abd-el-Kader (le théologien) sur le plateau du Murdjajo. Voir aussi l’article sur les trois Sidi d’Oran par exemple.



 

Articles recommandés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *