La Senia contre Valmy en mars 1962

Mon père trouve que je ne parle pas assez de sport.

Il a raison. Le sport était très important en Algérie.

J’ai failli faire un article sur le Critérium d’Oran l’autre jour et puis j’ai dérivé sur le Casino Bastrana.

C’est que la disparition du Casino Bastrana me posait un problème alors que la présence d’un Critérium à Oran ne m’en pose aucun.

De même que les compétitions de foot ou de natation ne me questionnent pas.

Il parait qu’Oran a donné beaucoup de grands gardiens de but. J’ai entendu ça dans le film de Pierre Machot.

Si je commence à parler de sport, je vais finir comme cette page. Et ça n’aura pas de sens dans le contexte de ce blog.

On me dira que si je raconte une panthère noire qui grimpe aux arbres, je peux bien raconter les petites choses du football. Sûrement.

Mais il faut aussi que je sois surpris.

Je crois que j’ai cessé d’être surpris par le sport depuis 1998.

La France a gagné la coupe du monde contre le Brésil 3-0 au terme de sept matches de folie. J’ai vécu tout ça à 300%. Que pouvais-je espérer de mieux par la suite ?

Les jeunes qui n’ont pas connu de tels moments peuvent prier bien fort pour que ça recommence.

Mais moi ?

Moi, j’ai cessé de dévorer l’Équipe tous les matins et j’ai commencé à m’intéresser à autre chose. Je suis devenu un vieux schnock.

Résultat, le sport ne me questionne plus.

Or il faut que surgissent des questions pour commencer à écrire.

Il y a longtemps, Moussa m’a dit un peu la même chose : pourquoi tu n’écris pas sur les incendies de forêt ? Tu as vu ? Les gens ne respectent pas la nature.

Moussa adore la nature. Et j’aime bien Moussa. J’ai dit d’accord, va pour un article sur les feux de forêt.

C’est probablement l’un des plus mauvais articles jamais écrit et je n’en suis pas fier. Désolé Moussa.

Mais ça m’a servi de leçon ; je n’écris plus sur commande.

Je me fixe sur des objets qui me questionnent. Je réduis ainsi les chances d’écrire des textes sans âme.

*

Il faut bien faire la différence entre ce petit blog de rien du tout et les sites pharaoniques de JC Pillon ou Danmarlou.

On n’est pas dans la même logique. Probablement parce qu’on n’est pas de la même génération.

Ils ont fait des sites qui collectent un maximum d’informations. C’est un bonheur pour les chercheurs d’or. On y trouve tout ce qu’on veut. Les noms de rues, les photos de classe, 40 000 photos et… tout le reste.

Ce que j’aime moi, ce sont les petits hasards comme cette phrase posée en épigraphe chez danmarlou : « Il fallait bien commencer par quelque chose, alors pourquoi pas par une rue, « la rue de Brazza », un quartier « Choupot », une ville Oran et un pays l’Algérie« 

 

L’incommensurable continent pied-noir : Oran des années 50

Mon père habitait Choupot, et la rue de Brazza – si je reprends nos entretiens – est sa rue préférée.

Et en effet, c’est par là que tout a commencé pour moi.

Voilà. Là, j’ai un début d’article. Peut-être pour dimanche.

Et je montre comment la mémoire cherche et travaille à partir de ce début qu’elle va dérouler comme une pelote de laine.

Il faut relire la page « à propos » pour se rappeler quel est le projet de ce blog et ne pas le confondre avec un site d’informations sur Oran. On trouvera des choses, mais pas tant que ça, finalement.

En 20 minutes chez JC Pillon, tout le monde sera submergé d’informations ; ce ne sera pas le cas ici.

*

Mardi, j’ai découvert que Paul Souleyre était mon arrière-grand-père. J’ai failli tout arrêter. Avais-je besoin d’autre chose ?

Ai-je à prendre sur mes épaules autre chose que ma mémoire familiale ?

La réponse est simple : non.

Mais je continue parce qu’il me manque une branche sur les trois.

Du côté de mon père, c’est une psychologie à dominante française. Du côté de ma mère, c’est une dominante juive. Il me manque la composante espagnole de mon grand-père maternel que je n’ai pas encore défrichée.

Mon grand-père paternel en amoureux des boulodromes

Lorsque j’aurai un aperçu de ces trois branches, je ferai un voyage à Oran histoire de confronter toutes ces icônes mythologiques à la géographie actuelle. Ça me permettra de revenir dans le présent.

J’écrirai encore pendant deux ou trois mois pour raconter le choc de la confrontation.

Et puis je m’arrêterai là pour le blog parce qu’il faut une fin à tout.

On verra bien si la guerre se présente sur le chemin. Probablement quand les uns et les autres me raconteront comment ils sont rentrés en France. Je ne le sais pas encore, excepté pour mon père, que son propre père a épargné des terribles derniers mois en l’envoyant finir son année à Montpellier dès janvier 1962.

J’ai envie d’écouter des témoignages mais pas forcément d’en écrire un article tous les jours.

*

Mon père me disait aussi « tu ne parles pas du monde arabe. »

C’est drôle les besoins de chacun. Mais c’est une remarque très pertinente.

Il faudrait juste dire : je n’en parle plus.

Parce qu’il est intégré à ma vie.

Avant-hier, je discutais avec Moussa de son boulot, hier avec Tewfik d’écriture, aujourd’hui avec Toufik de… je ne sais pas, il est parti en cours de route.

Une Maroua Bella demandait à parler : Elle est née rue d’Austerlitz et la rue s’appelle aujourd’hui « rue daho kada » .

Rue d’Austerlitz – La « rue des juifs » de l’ancien quartier d’Oran

Je ne suis pas là pour donner des informations. Seulement pour montrer qu’un blog est un outil que je conseille à tout le monde pour s’approcher de sa mémoire. On y rencontre énormément de gens et les gens viennent vers nous très facilement.

Ce blog n’est que la toute petite partie émergée d’un iceberg où le plus intéressant se passe en profondeur.

Il n’a pour but que de donner envie de faire la même chose un jour ou l’autre.

Mais le chemin est encore long.

 

Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)



 

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