Je ne suis pas adepte de la généalogie mais je vais bientôt le devenir.
« La revue française de Généalogie et d’Histoire des familles » a sorti un numéro spécial sur lequel je me suis jeté parce que je deviens accroc aux points de vue périphériques. (8€ sur cette page)
Cette revue n’a pas pour but –semble-t-il– de donner son avis sur 132 ans d’Algérie française, elle cherche seulement à fournir le maximum de renseignements aux lecteurs qui se sont mis en tête de partir à la recherche de leurs ancêtres nord-africains.
On se retrouve face à un discours étranger aux problématiques du cinquantenaire.
C’est un peu comme lorsque je tombe sur le site des fous d’aviations en Algérie. Ce que ces gens-là aiment avant tout, ce sont les avions. Ou la généalogie. Ce n’est ni bien, ni mal, c’est juste une chance.
Après, je ne suis pas dupe non plus, on regarde toujours le monde depuis quelque part.
« D’où parles-tu Camarade ? » était une question emblématique de mai 68. On la retrouve encore citée un peu partout sur des blogs ou ailleurs. Il était alors question de Révolution.
Je n’ai pas connu ce temps-là mais j’aime beaucoup la question.
Alors d’où parle la Revue française de généalogie et d’Histoire des familles ?
Jetons un œil pour commencer sur l’éditorial de Charles Hervis, Rédacteur en chef de la revue. Je l’ai scanné pour vous.
La généalogie s’adresse à qui ?
Je crois que la première idée qui me vient à l’esprit lorsque je lis cet éditorial peut se résumer en un mot : Ouf.
Ouf parce que le Camarade Charles parle depuis le même lieu que moi : « Pourtant, par peur de questionner des parents ou par volonté de taire des blessures enfouies, une à plusieurs générations se sont installées dans des années de silence. Les temps changent et la Revue française de Généalogie souhaite accompagner Paul Souleyre dans sa quête des origines. »
Qu’à cela ne tienne, mon ami, parcourons ensemble ta revue bienveillante.
Je me moque gentiment mais le numéro est extrêmement bien fait. Beaucoup de documents, de cartes, de tableaux et de chiffres, tous parfaitement lisibles. C’est assez remarquable.
Les cartes sont souvent extraites de l’Encyclopédie Coloniale et Maritime qui date de 1947. J’en mets une qui est la « carte raciale » : Berbères, Berbèro-Arabes, Arabes, Arabo-Berbères, Mozabites et Haratin (métissage de noirs).
Oran est Berbéro-Arabe.
Je ne sais pas ce que valent ces informations. C’est une autre époque. Si quelqu’un veut corriger, qu’il ne s’en prive pas.
Donc je flâne rêveusement parmi les cartes raciales, les Archives de Bureaux arabes et les Alsaciens-Lorrains qu’on peut prendre en option, lorsque je me tourne soudain vers Charles : dis-moi Camarade, où sont passés les enfants dans ta revue de généalogie ?
Tu sais, ceux qui ont peur de questionner leurs parents ?
Je vois le Cercle Algérianiste qui m’explique sur trois pages par les voix de Pierre Dimech et Michel Lagrot « l’exode de 1962 » , « l’attachement viscéral à la France » , « Le code de l’Indigénat » et « Le statut personnel » mais je ne vois pas mes congénères nés après 62.
Il y en a qui fêteront leur cinquantenaire l’année prochaine et qui attendent toujours qu’on leur demande leur avis. N’avais-tu pas écrit dans ton éditorial que tu voulais les accompagner dans cette nouvelle quête des origines ?
Ah bon, tu parlais des plus de 50 ans ?
Excuse-moi.
Je me tais.
Paul Souleyre (mais qui est Paul Souleyre ?)