Il y a de très belles photos que je ne vois jamais ressortir.
Pourtant il suffit d’avoir deux livres de Serge Durrieux : « Oran, c’était d’abord Santa Cruz » et « Oran, ville au cent visages ».
On est dans les années 50, mais en dehors de l’iconographie classique. C’est la respiration de Serge Durrieux. Les morts toujours vivants.
Je n’ai pas de date pour la photo ci-dessus. Elle me parait plus ancienne que les années 50, mais je me trompe peut-être.
En revenant dessus aujourd’hui, je me suis davantage arrêté sur un document que j’avais délaissé, happé que j’étais par la beauté des images : le plan du cérémonial de la bénédiction solennelle qui élèvera Notre-Dame de Santa Cruz au rang de Basilique.
Sur deux pages, Serge Durrieux reprend un article écrit le 7 novembre 1959 dans l’Echo d’Oran évoquant la bénédiction solennelle lors de l’inauguration de la Basilique de Santa Cruz, le 8 novembre. « C’est l’assiduité des fidèles oranais qui élèvera Notre-Dame de Santa Cruz au rang de basilique. »
La bénédiction solennelle aura lieu en présence de 7 évêques. L’édifice a été construit par des mains profanes à côté de l’ancien oratoire. Apparemment, toutes les conditions requises en Droit Canon ont bien été observées puisque la bénédiction solennelle a eu lieu le 8 novembre.
Faisons un tour et engageons-nous dans le cérémonial. La consécration aura lieu en trois phases : La bénédiction de l’extérieur, la bénédiction de l’intérieur, et le Salut Solennel au Saint-Sacrement.
NB : Je reprends ci-dessous, mot pour mot, le texte qui se trouve sous le plan.
Les sept évêques font front, en ligne entre le clocher et la croix de l’oratoire au public, qui aura eu accès aux deux étages. Placé devant la Croix, Mgr Pierre-Marie Théas, évêque de Tarbes et de Lourdes prononcera un discours. Ensuite, premières oraisons, puis procession autour de la basilique par l’extérieur.
La 1ère oraison est adressée au Seigneur Dieu le Père, en tant que Créateur, pour Lui demander que « comme toutes choses commencent par Lui, elles arrivent aussi par Lui à leur achèvement ». Alpha et Oméga… Dieu est le commencement et la fin de tout. Rien ne peut être fait sans Lui et Il est l’aboutissement naturel de toutes choses, bien que les créatures, par leur liberté, peuvent renoncer à cette destination. A elles de choisir entre le bien et le mal.
Durant la procession, on chantera « l’asperges me », prière bien connue utilisée en préliminaire à bien des cérémonies pour demander à Dieu la pureté nécessaire. Il est bon de chanter son Dieu mais encore faut-il en être digne.
La procession passera sous la crypte qui sera bénite à cette occasion, puis le cortège rejoindra l’autel de la basilique en refaisant le chemin de l’aller par les murs extérieurs.
A l’autel, la prière dite à ce moment-là fait allusion au Temple entrepris par David et parachevé par Salomon sur la colline de Sion, comme demeure permanente de Dieu sur la terre. Aussi, « qu’il daigne également agréer comme demeure ce nouveau temple qui lui est « dédié » en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie. »
L’entrée dans la basilique se fera au chant des Litanies des Saints. Celles-ci comportent trois périodes : l’appel à tous les Saints du ciel, le rappel des mystères du Christ, motif de la confiance des chrétiens, et les supplications en vue de la délivrance de tous nos maux. Ces Litanies seront interrompues à un moment donné par une bénédiction spéciale de l’évêque « pour que cette église et cet autel édifié en Votre honneur et sous le vocable de la Vierge Marie soient purifiés et bénis » ; tandis que le peuple répond « Nous vous en prions, Seigneur, écoutez-nous. »
La bénédiction des murs intérieurs donnera lieu à une nouvelle procession et à une prière qui demande à Dieu de rendre efficace le ministère du célébrant qui accomplit ce rite. « Que ce que je visite Vous le visitiez Vous-mêmes ; que ce que je bénis Vous le bénissiez Vous-même. » Entre-temps, le choeur chantera les trois psaumes célébrant le Temple de Jérusalem.
Dernière prière « pour que soient exaucés tous ceux qui viendront en ce lieu demander quelque grâce. » Puis Salut Solennel au Très Saint Sacrement par Mgr Paul Pinier, évêque de Constantine, et enfin allocution de Mgr Bertrand Lacoste.
Il a déjà été dit que ces cérémonies auront lieu sous la présidence de S.E. Mgr Leon Duval, archevêque d’Alger, qui portera, pour la circonstance, la fameuse « cappe magna » : longue traîne rouge de quatre ou cinq mètres.
Serge Durrieux – l’Echo d’Oran du 7 novembre 1959